Walmart Canada et le syndicat des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC) se retrouvent une fois de plus devant les tribunaux québécois, le géant du commerce de détail s'en prenant cette fois à un site Web soutenu par le syndicat qui fait référence à Walmart, ses couleurs et son logo.

La demande d'injonction de Walmart Canada contre le syndicat des TUAC est entendue depuis lundi matin à Montréal et le sera toute la semaine. Il s'agit du syndicat, affilié à la FTQ au Québec, qui mène une campagne de syndicalisation dans les magasins Walmart du Québec.

Le site Web en question, www.employeswalmartcanada.ca (ou en anglais www.walmartworkerscanada.ca), parodie notamment le slogan de Walmart «Économisez plus - Vivez mieux» qui devient «Recevez le respect - Vivez mieux». On y voit aussi le nom du syndicat et la phrase «le syndicat pour les employés de Walmart», biffée par l'expression «menacé de censure».

La direction de Walmart Canada fonde sa demande d'injonction sur la loi sur les marques de commerce, affirmant qu'elle n'a pas autorisé une telle utilisation de son nom. Elle affirme ne pas chercher à faire fermer le site Web, mais ne veut pas qu'il fasse référence à Walmart, ni aux vestes bleues de ses «associés», ni aux formes du logo de l'entreprise et à ses couleurs.

«Cela crée de la confusion», a témoigné lundi John Lawrence, directeur de la responsabilité sociale et corporative chez Walmart Canada, en faisant référence au site Web en question.

«Mon rôle est de garder le contrôle du sigle et ça a l'air d'une association, d'une commandite» de Walmart, ce qui n'est pas le cas, a témoigné à son tour Jeffrey Lobb, vice-président du marketing chez Walmart Canada. M. Lobb s'est d'ailleurs dit «choqué» de la ressemblance avec le logo de Walmart.

Le syndicat, de son côté, plaide la liberté d'expression et voit plutôt dans son site Web de l'information aux travailleurs avec des éléments de satire.

Par ses questions aux témoins, l'avocat du syndicat, Me André Ryan, a cherché à démontrer qu'il n'y avait aucune confusion possible entre le site Web et Walmart, puisque le syndicat ne vend pas de vêtements, d'aliments, d'appareils électroniques ou autres. Le site Web des travailleurs offre plutôt de l'information sur des thèmes comme «vos droits» et «liberté d'expression», affirme le syndicat.

Me Ryan a également demandé à M. Lobb si Walmart détenait l'exclusivité des vestes bleues que portent ses employés et que portent aussi des personnes sur le site Web en question. M. Lobb l'ignorait.

Me Ryan a aussi cherché à démontrer, par ses questions, que la forme et les couleurs du sigle de Walmart variaient selon l'imprimé et parfois le contexte.

Dès le début de l'audience, également, Me Ryan a déposé une requête en irrecevabilité, arguant que la présente demande d'injonction avait été présentée par Walmart Canada, alors que la marque de commerce de Walmart dont il est question dans cette cause est plutôt détenue par Walmart stores inc. des États-Unis. Cette requête sera entendue plus tard cette semaine.

Walmart exploite 327 magasins au Canada, dont 57 au Québec. Elle emploie 80 000 personnes au Canada dont environ 15 000 au Québec, a indiqué M. Lobb.