Les commerçants de la rue Sainte-Catherine Est en ont assez de voir leurs clients sollicités par des prostituées ou épiés par les automobilistes qui sollicitent des services sexuels. Ils demandent aux autorités de déménager un poste de police près de chez eux afin de contrer un problème endémique.

On compte 120 commerces sur la Promenade Sainte-Catherine Est, et plus de 1000 personnes y travaillent. La Ville effectue d'importants travaux d'infrastructures souterraines pour l'embellir.

Mais à ce commerce s'en greffe un autre, florissant: la prostitution. Les autorités ont recensé environ 200 travailleuses du sexe dans le quartier, dont une quarantaine sont actives.

Les marchands de Sainte-Catherine Est observent cette activité depuis des années. Et même si les prostituées se montrent généralement respectueuses des boutiques, disent-ils, elles font fuir la clientèle.

«Elles font leurs affaires de leur côté, souligne Karine Martel, copropriétaire du Bistro In Vivo, établi dans le quartier depuis cinq ans. Ce sont nos clients qui n'aiment pas quand il y a des attroupements, ou quand ils sont abordés par les prostituées.»

La commerçante a elle-même été suivie à plusieurs reprises par des automobilistes qui la prenaient pour une prostituée. Rien pour entamer son attachement au quartier. Reste que ses clients, en particulier les femmes, se sentent intimidés.

«Notre mandat, c'est faire du développement, explique Noémie Lucas, directrice de la Société de développement commercial (SDC) Promenade Sainte-Catherine Est. Mais c'est difficile d'amener des commerces sur la rue s'il y a un sentiment d'insécurité.»

Plus tôt cette année, l'organisme a lancé une pétition pour convaincre les autorités de déménager un poste de police sur la rue Sainte-Catherine Est. Le poste de quartier (PDQ) 23, situé au coin d'Hochelaga et de Bennett, se trouve dans un immeuble trop exigu et il doit être déménagé. Les commerçants souhaitent qu'il s'établisse dans l'ancien centre local d'emploi, près du boulevard Pie-IX.

Le commandant du PDQ 23, François Cayer, souligne que le déménagement du poste devait avoir lieu en avril. Le projet est toujours dans les cartons, mais il est loin d'être convaincu qu'un déménagement rue Sainte-Catherine Est permettra d'enrayer la prostitution.

M. Cayer souligne que bon nombre de prostituées vivent dans le secteur depuis des années. Elles sont issues de milieux défavorisés, n'ont peu ou pas d'éducation, et sont aux prises avec des problèmes de toxicomanie. Bref, le problème est complexe et il ne disparaîtra pas du jour au lendemain.

«Si on fait de la répression, on va pousser le problème dans les quartiers d'à côté, souligne-t-il. On ne peut pas non plus prendre les gens, les embarquer de force dans des autobus et les amener à Longueuil.»

Face aux plaintes des citoyens, la police a fermé les piqueries qui attirent à la fois prostituées, vendeurs de drogue et leurs clients. En deux ans, leur nombre est passé de 22 à 4.

Le maire de l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Réal Ménard, est également vice-président de la commission sur la sécurité publique de Montréal. Bien au fait du dossier, il est favorable au déménagement du PDQ 23 sur la rue Sainte-Catherine Est.

En juin, ses services ont embauché des cadets, augmenté la présence policière et mis en place des barrages pour informer les automobilistes sur la sollicitation.

«Comme il y a eu plus de surveillance policière, il y a eu moins de clients, explique M. Ménard. Les filles restent plus longtemps dans la rue avant d'avoir des clients. Elles sont donc plus visibles et les commerçants s'en plaignent.»

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La Rue Sainte-Catherine Est

Nombre de commerces : 120

Taux d'inoccupation des locaux commerciaux: 22%

Nombre d'emplois dans le quartier : 1013

Nombre estimé de prostitué(e)s dans le secteur :40

Sources : SDC Promenade Sainte-Catherine Est, Arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Association des sociétés de développement commercial de Montréal.