Après des années fortes, le marché des biens et services liés au secteur résidentiel fait maintenant face à des coups de vent de récession.

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Et du point de vue des investisseurs boursiers, les grands détaillants d'origine canadienne les plus présents dans ce marché s'en ressentent de façon bien différente.

À preuve, le gros quincailler Rona [[|ticker sym='T.RON'|]] a vu sa valeur boursière s'atrophier de plus de 15% au cours des quatre derniers mois.

En contraste, son concurrent Canadian Tire [[|ticker sym='T.CTC.A'|]] a vu ses actions s'apprécier d'au moins 8% depuis l'été. Elles ont même atteint un sommet des 52 dernières semaines, hier, après la publication de résultats trimestriels meilleurs que prévu.

Pendant ce temps, chez Rona, les résultats de troisième trimestre qui ont été divulgués mercredi ont encore été décevants.

«La mollesse du marché résidentiel pèse sur les actions de Rona. Leur achat ces temps-ci ne saurait intéresser que les investisseurs patients», estime Candice Williams, analyste des détaillants chez Canaccord Genuity.

«À 2,2%, la baisse des ventes des magasins comparables (ouverts depuis plus d'un an) chez Rona a accentué le recul de son bénéfice par action au troisième trimestre. Et ses prochains résultats comparatifs s'annoncent aussi difficiles», estime pour sa part Keith Howlett, analyste des détaillants chez Valeurs mobilières Desjardins.

Chez Canadian Tire, en comparaison, les ventes de magasins comparables étaient encore en hausse de 1,4% durant le troisième trimestre.

De l'avis d'analystes, cet avantage à court terme de Canadian Tire comparativement à Rona découle de sa plus grande diversification de marché hors du marché résidentiel.

D'ailleurs, les plus récents résultats de Canadian Tire montrent une bonne résistance relative de ses ventes dans les secteurs des loisirs d'extérieur et des accessoires pour automobiles.

Il s'agit de deux catégories de produits en offre limitée dans le réseau des magasins Rona et de ses différentes bannières.

Par ailleurs, soulignent les analystes, Canadian Tire profite ces temps-ci d'un redressement du rendement de son importante filiale de services financiers de base à ses clients.

Durant le seul troisième trimestre, la marge bénéficiaire dans ces activités de crédit s'est avérée deux fois plus élevée que pour les activités principales de ventes en magasins de Canadian Tire.

Mais de l'avis de certains analystes, cet avantage financier de Canadian Tire pourrait s'avérer de courte durée pour contrer le ralentissement attendu de ses ventes au détail.

«Après leur récent gain en Bourse, les investisseurs en actions de Canadian Tire ont des raisons d'être prudents pour la suite», selon Robert Cavallo, analyste des détaillants chez Mackie Capital Research.

«Les résultats des ventes en magasins demeurent relativement mous et les services financiers prennent de plus en plus de place dans les résultats consolidés de Canadian Tire.»

Pour Brian Yarbrough, analyste des détaillants chez le courtier américain Edward Jones, l'embellie des résultats d'activités financières chez Canadian Tire peut s'avérer un «couteau à double tranchant».

«Tant que la conjoncture est bonne, ça peut être très avantageux. Mais quand la conjoncture se détériore, et que les mauvaises créances se multiplient, les services financiers peuvent devenir très désavantageux pour un détaillant.»