La Maison Orphée est en mode métamorphose. D'ici 2014, le maître huilier (olive, lin, canola, tournesol) de Québec veut doubler son chiffre d'affaires. Ce souhait n'est pas étranger au rachat de l'entreprise familiale par les soeurs Élisabeth et Élaine Bélanger, en avril dernier, de leur père. «Mais déjà, il y a deux ans, on a décidé qu'on voulait ouvrir les vannes, être plus présent au Canada et dans les canaux de distribution alimentaires, raconte la PDG Élisabeth Bélanger. Mon père était d'accord.»

Ainsi, récemment, après un travail de plusieurs mois avec l'agence lg2 et un investissement de plus de 500 000$, Orphée se présentait sous son nouveau nom, Maison Orphée, avec de nouvelles bouteilles et de nouvelles étiquettes. «On notait de petites hausses des ventes chaque année. On couvre assez bien le marché des boutiques indépendantes. Maison Orphée compte plus de 2000 points de ventes au Canada, explique Élisabeth Bélanger. Mais on avait besoin d'une gamme rajeunie. L'image de l'entreprise est maintenant plus contemporaine et rafraîchie. Les étiquettes, descriptives, permettent aux nouveaux consommateurs de choisir rapidement.»

La bouteille est également plus foncée et plus haute qu'auparavant. «Mettre la main sur la bonne bouteille fut difficile, lance Élisabeth Bélanger. C'était capital qu'on ait une bouteille foncée, pour éviter que le produit ne s'oxyde notamment. On voulait aussi un verrier sérieux qui allait fournir une bouteille de qualité constante - il est de l'Italie. Ça a pris plusieurs mois et de nombreux tests. En bout de ligne, on n'a pas eu le choix de prendre une bouteille plus haute. Il a donc fallu adapter la ligne d'embouteillage.»

Les 28 huiles Maison Orphée, qui se vendent de 7à 17$, sont désormais regroupées sous quatre gammes: Dégustation, Cuisine bio, Condiments bio et Cuisine classique. La dernière catégorie devrait permettre à l'entreprise de faire voir ses bouteilles non seulement dans la section des produits naturels, mais en compagnie de toutes les autres huiles sur le marché en épicerie, comme celles de Bertolli. «En magasin, c'est de la négociation, constate Élisabeth Bélanger. Il faut faire sa place. On joue dans la cour des grands.»

Les dirigeantes de La Maison Orphée investiront en plus jusqu'à 2 millions ces quatre prochaines années, d'une part, pour solidifier leurs liens avec des courtiers et distributeurs en Ontario et dans l'Ouest du Canada et, d'autre part, pour que l'entreprise puisse poser sa patte dans l'Est des États-Unis. «On veut avoir une meilleure présence de gens sur le terrain pour assurer les commandes et la rotation notamment, mentionne Élisabeth Bélanger. Depuis deux ans, une personne travaille à temps plein à Vancouver pour nous. Aujourd'hui, on a un meilleur étalage et on note une bonne progression de plus de 10% des ventes. Il y a une place à prendre dans les Whole Foods Market et Choices Market. On veut aussi faire de nos huiles plus qu'un corps gras, mais un condiment.»

Cela dit, après les changements de contenant, pas de changement radical de recettes au programme. À ce niveau, La Maison Orphée s'appuie sur son expertise d'une vingtaine d'année en matière de confection et production d'huile. «Ma soeur se promène beaucoup pour choisir les bonnes huiles et s'assurer que la qualité soit maintenue, raconte Élisabeth Bélanger. Même si on travaille avec des gens sérieux, on se déplace.»

Les premiers résultats tous frais donnent espoir aux soeurs Bélanger que les changements et les visées territoriales étaient nécessaires. «Le nouveau produit n'est arrivé sur le marché que depuis juillet dernier, mentionne Élisabeth Bélanger. La réponse est positive. Les gens appellent pour avoir de l'information. On a pris de l'espace-tablette.»