Le détaillant Couche-Tard (T.ATD.B) a échoué dans sa tentative de renouveler le conseil d'administration de la chaine de dépanneurs américaine Casey's (CASY), qu'il tente d'acquérir depuis six mois.

> Sur le blogue de Sophie Cousineau: Au pays de Casey's

D'après les résultats préliminaires du vote des actionnaires, les huit candidats aux postes d'administrateur proposés par Casey's ont remporté l'élection de façon «écrasante», a indiqué Robert Myers, président et chef de la direction, au terme d'une courte assemblée de 75 minutes.

Les administrateurs proposés par Couche-Tard auraient recueilli moins de 10% des voix.

Les résultats définitifs du vote, compilés par la firme IVS Associates, ne seront pas dévoilés avant plusieurs jours.

Raymond Paré, chef de la direction financière de Couche-Tard, est venu à l'assemblée de Casey's, au siège social du détaillant, sur Convenience Boulevard, dans le jet privé de la société lavalloise. Il a obtenu la permission de s'adresser à la centaine d'actionnaires présents, des retraités pour la plupart.

«On a induit en erreur les actionnaires quant à nos intentions, a-t-il dit dans un anglais teinté d'un accent français. Nous aurions conservé le nom Casey's, son système de distribution, la quasi-totalité de ses employés et le gros de ses fournisseurs.»

«Avec 40 000 employés aux États-Unis, nous sommes presque une compagnie américaine», a-t-il avancé à un autre moment devant un auditoire dubitatif.

Selon Raymond Paré, c'est l'arrivée de 7-Eleven, à quelques jours de l'assemblée des actionnaires, qui a scellé l'issue du vote. Aux yeux de ce dirigeant de Couche-Tard, c'était «juste un coup de téléphone et une manifestation d'intérêt».

Mais, c'était assez, à l'évidence, pour semer le doute dans l'esprit des actionnaires de Casey's quant à une offre supérieure à celle de Couche-Tard, d'une valeur de 38,50 $US l'action.

Raymond Paré espère maintenant que les actionnaires verront clair dans le jeu de Casey's et de 7-Eleven. «On verra les pressions que les actionnaires mettront dans les prochaines semaines», a-t-il dit, avant de repartir derechef de l'assemblée avant qu'elle ne soit terminée.

À en juger les réactions des actionnaires qui s'étaient déplacés pour l'assemblée générale de Casey's, ce n'est pas joué. «J'aime le Canada, j'ai même songé à y déménager. Mais Casey's doit rester en Iowa, a dit Virginia Stone, une actionnaire de longue date qui habite Des Moines, la capitale de l'État.

«Je suis cliente de leurs magasins. L'entreprise a toujours été bien gérée. Et les actionnaires ont toujours été récompensés. On sait ce qu'on a et on n'a pas de mauvaise surprise», a-t-elle poursuivi. Les gens de l'Iowa, a-t-elle noté, ont encore frais en mémoire la fermeture du fabricant d'électroménagers Maytag à la suite de son acquisition par Whirlpool, en 2006.

Cela dit, ce sont les grands actionnaires institutionnels qui ont le dernier mot dans une bataille de prise de contrôle. Raymond Paré a dit être en contact «quotidien» avec eux depuis un mois. Et il entend bien continuer de l'être.

«On ne se lancera pas dans une guerre d'ego pour gagner à tout prix», a-t-il prévenu néanmoins.

Des chaînes de taille moyenne, il en reste encore plusieurs dans cette industrie, toujours morcelée aux États-Unis. Par exemple, l'Iowa compte aussi une autre chaîne de dépanneurs, à capital fermé, qui porte le nom de Kum&Go.

Raymond Paré a refusé de chiffrer la somme que Couche-Tard a dépensée jusqu'ici pour acquérir le détaillant de l'Iowa. Il s'est borné à dire que c'était significativement moins que les 13,1 millions US que Casey's a déboursés pour se défendre en deux trimestres.

sophie.cousineau@lapresse.ca