L'appétit du Groupe MTY (T.MTY) ne diminue pas. Après les pad thaï de Thaï Express, les sushis de Sushi Shop et les cornets de La Crémière, le franchiseur prend une nouvelle bouchée de 9,3 millions de dollars en avalant Valentine et toutes les poutines, burgers et hot-dogs vapeur qui viennent avec.

MTY, qui a l'habitude de payer ses acquisitions au comptant, ne déroge pas à sa règle pour acquérir les 95 restaurants de Valentine, une chaîne établie au Québec depuis 30 ans.

«Valentine apportera un complément à nos bannières existantes, qui bénéficieront d'expertise et d'expérience additionnelles dans ce segment de l'industrie de la restauration rapide», a dit par voie de communiqué le grand patron de MTY, Stanley Ma, un immigrant qui ne s'attendait sûrement pas à devenir un magnat de la poutine en grandissant dans son Hong-Kong natal.

Le groupe MTY, entreprise qui a souvent retenu l'attention des analystes par sa croissance et sa gestion serrée, possède 25 chaînes de restauration rapide, surtout situées dans les foires alimentaires des centres commerciaux. Les marques vont de Tiki-Ming à Vieux Duluth Express en passant par Franx Supreme et Croissant Plus.

En acquérant des restaurants situés dans de petites villes comme Acton Vale, Rawdon ou Saint-Nicéphore, MTY sort donc un peu de son territoire traditionnel en mettant la main sur Valentine.

«C'est intéressant. Ça leur permet de faire une entrée dans de nouveaux marchés», indique l'analyste Leon Aghazarian, de l'Industrielle Alliance. «Le nom de Valentine est très connu au Québec et l'intérêt est là», ajoute-t-il. Le marché a aussi bien réagi, poussant l'action de MTY à11,57$, en hausse de37 cents ou 3,3%.

Valentine a vendu pour 29 millions de frites et autres burgers l'an dernier. En calculant que les franchisés verseront de 5 à 6% de leurs ventes à MTY sous forme de redevances, M. Aghazarian s'attend à voir le chiffre d'affaires bondir d'environ 1,6 million (sur un total de 34 millions lors du dernier exercice).

Un centre de distribution en bonus

À 9,3 millions, l'acquisition est l'une des plus importantes des dernières années si on exclut celle de Country Style Foods, une chaîne ontarienne de 500 restaurants achetée l'an dernier. L'acquisition de Valentine dépasse par exemple en importance les achats récents de Sushi Shop, Tutti Frutti et Taco Time.

L'analyste Leon Aghazarian note qu'à 0,32, le ratio du prix payé par MTY sur les ventes annuelles correspond à ce que MTY paie habituellement pour ses acquisitions. Mais cette fois, il y a un bonus. En plus des restos, MTY met aussi la main sur sept bâtiments, dont le siège social de Valentine ainsi qu'un important centre de distribution de 8300 pieds carrés, tous deux situés à Saint-Hyacinthe.

MTY a déjà indiqué que ce centre de distribution, sous-utilisé, pourra servir à alimenter d'autres chaînes du groupe.

On s'attend aussi à des «synergies avec d'autres marques», entre autres Franx Supreme, qui vend aussi frites, burgers et hot-dogs.

«Est-ce que ça veut dire que la marque Franx Supreme fusionnerait avec celle-là? On ne le sait pas. Ça s'est fait avec Veggirama et Cultures, par exemple», dit le porte-parole de MTY, Jean-François Dubé, qui mentionne aussi la possibilité que les restaurants Valentine commencent à vendre de la crème glacée ou du yogourt glacé provenant d'autres chaînes.

Même si Franx Supreme et Valentine ne fusionnent pas, l'analyste Leon Aghazarian souligne que les synergies seront néanmoins au rendez-vous, ne serait-ce qu'en augmentant le pouvoir d'achat auprès des fournisseurs.

MTY, longtemps un poids lourd de la Bourse croissance de Toronto, avait fait son entrée sur le «vrai» TSX le 13 mai dernier. Le titre a peu évolué depuis, fluctuant autour de son prix d'entrée (11,31$).

Selon l'analyste Leon Aghazarian, l'acquisition de Valentine ne retardera pas la déclaration d'un dividende par MTY, ce qu'anticipe le marché depuis un certain temps. «Je dirais au contraire que ça va accélérer les choses», a indiqué l'analyste, qui dit s'attendre à une annonce au cours des trimestres d'automne ou d'hiver.

«Ça ne change pas les plans. Quand sera-t-il déclaré (le dividende)? On ne le sait toujours pas, mais le dossier reste sur le dessus de la pile», dit aussi à ce propos le porte-parole Jean-François Dubé.