«Nous n'avons pas l'intention de ralentir», affirme d'emblée le président de Wal-Mart Canada à propos de ses ambitions de croissance en alimentation.

En entrevue, David Cheesewright entrevoit même le moment pas trop lointain où une majorité de son réseau de plus de 300 magasins de grande surface au Canada sera constitué de «supercentres».

Il s'agit des établissements mixtes - supermarchés et grands magasins - qui propulsent la nouvelle phase d'expansion de Wal-Mart [[|ticker sym='WMT'|]].

En fait, moins de quatre ans après leur arrivée au Canada, en Ontario d'abord puis vers l'Ouest, les supercentres comptent déjà pour le quart (87) des 317 magasins de Wal-Mart. Ce nombre résulte d'ouvertures ou d'agrandissements de magasins existants, au rythme de «25 à 30» projets par an.

Par conséquent, l'alimentation s'est déjà hissée à 30% des ventes totales de Wal-Mart Canada. «L'alimentation est devenue notre principal vecteur de croissance. Et même durant la récente récession, notre élan dans l'alimentation a permis de compenser la faiblesse de certains autres secteurs. Ça nous a permis de poursuivre nos gains de parts de marché» soutient David Cheesewright.

Et au Québec, où Wal-Mart compte 54 magasins de grande surface? L'implantation de supercentres n'est pas encore dans les plans, selon le président de Wal-Mart Canada. Il mentionne deux raisons principales.

D'une part, Wal-Mart priorise l'expansion en Ontario et dans l'Ouest canadien afin d'y rentabiliser ses deux nouveaux centres de distribution dédiés à l'alimentation, en banlieue de Toronto et de Calgary.

D'autre part, admet son président, Wal-Mart Canada veut peaufiner son analyse du marché de l'alimentation au Québec avant de s'y lancer pour de bon.

«Nous savons qu'en alimentation, tout doit être correct dès le départ au Québec. Nous sommes avertis aussi qu'il y a plus d'attention envers les produits d'origine régionale. Nous voulons mieux connaître le marché québécois plutôt que de s'y dépêcher», selon M. Cheesewright.

N'empêche, quand le moment sera jugé opportun, l'expansion de Wal-Mart en alimentation au Québec pourrait survenir rapidement.

Selon son président, le nouveau centre de distribution alimentaire près de Toronto aurait «amplement de capacité» pour desservir les premiers supercentres au Québec. Quant aux approvisionnements régionaux, David Cheesewright estime que le «succès» du programme Achat Québec depuis quatre ans démontre les habiletés de Wal-Mart à cet égard.

Selon les chiffres du détaillant, ses achats en biens et services au Québec frôlent maintenant les deux milliards par an, parmi quelque 1400 fournisseurs. «Nous sommes satisfaits des progrès accomplis mais nous cherchons toujours des moyens de faire mieux», affirme le président de Wal-Mart Canada.

Le plus récent contrat d'envergure au Québec que vante le détaillant implique le manufacturier de bicyclettes Raleigh de Waterloo, en Estrie.

Wal-Mart vient de lui accorder le statut de «fournisseur principal», qui devrait représenter des commandes de plus de 100 000 vélos par an.

Selon M. Cheesewright, des percées semblables en alimentation seraient à la portée de fournisseurs québécois. «Notre système d'approvisionnement et de distribution est centralisé pour des raisons d'efficacité. Mais il est aussi incroyablement flexible pour répondre aux demandes des consommateurs sur une base régionale.»

Wal-Mart veut sa banque

À l'instar de quelques gros détaillants, Wal-Mart Canada veut se doter de sa propre filiale bancaire pour les consommateurs. Le feu vert à ce propos est attendu bientôt de la part du Bureau fédéral du surintendant des institutions financières. Mais pourquoi une banque Wal-Mart au Canada? Son président, David Cheesewright, répond avec trois objectifs principaux.

D'abord, l'ajout de services bancaires de base dans les magasins Wal-Mart serait «un souhait prioritaire» parmi ses clients, selon des enquêtes internes.

Ensuite, Wal-Mart veut mieux contrôler ses coûts d'usage de cartes de crédit et de débit par ses clients, en leur proposant ses propres outils de paiement.

Enfin, le président de Wal-Mart admet qu'une filiale bancaire permettrait d'étoffer la collecte d'informations sur sa clientèle, dans le but de «mieux planifier notre offre de produits et services».

«Regardez ce que font de gros détaillants comme Canadian Tire et Loblaws avec leur filiale bancaire. Pourquoi Wal-Mart Canada n'en ferait pas autant, avec le million de clients par jour dans ses magasins?»