Après deux années difficiles, le géant de la rénovation et de la quincaillerie Rona (T.RON) ravive ses ambitions de croissance en dépit du contexte économique encore incertain.

En particulier vers l'ouest du Canada, où sa part de marché est inférieure de moitié à celle auquel il prétend dans son marché d'origine, le Québec.

«La reprise est bien amorcée et nous sommes optimistes. Rona est en meilleure position pour profiter du retour de la croissance», a soutenu son président et chef de la direction, Robert Dutton, au cours d'un point de presse après l'assemblée des actionnaires, qui avait lieu hier au siège social du détaillant, à Boucherville.

«Rona a profité de la récession pour bien huiler ses rouages, à tous les niveaux. Notre machine est prête pour profiter de la reprise de croissance comme elle l'était en 2000. Et durant les cinq années subséquentes, Rona avait quadruplé son chiffre d'affaires!» Mais réalisant son entrain verbal, le président de Rona s'est vite amendé. «Je ne vous annonce pas que nous voulons encore quadrupler notre chiffre d'affaires en quelques années. N'empêche, notre mécanique d'entreprise est en place pour profiter le plus des occasions d'expansion et d'acquisition.»

Jusqu'à quel point?

«L'atteinte des 20% des parts de marché au niveau canadien demeure un objectif important», a indiqué Robert Dutton.

Pour le moment, Rona prétend à un peu plus de 17% du marché national de détail en quincaillerie et en rénovation. Mais l'écart demeure important entre sa part au Québec, à hauteur de 40%, et celle «de 14 à 15%» dans le reste du Canada.

Par conséquent, insiste M. Duttton, «il y a encore une grande opportunité de croissance pour Rona vers l'ouest du Canada et nous avons encore beaucoup à y faire.» Et ce, en dépit de la présence plus forte dans ces marchés des gros concurrents américains Home Depot et Lowe's.

D'ailleurs, Rona marque sa sortie de récession en ravivant l'ouverture de grands magasins, en plus des projets de ses nombreux détaillants affiliés.

Trois grands magasins ont été inaugurés en mars, et au moins «cinq à six autres» sont prévus d'ici la fin de l'année. Aussi, Rona prévoit lancer la construction de sept grands magasins avant la fin de 2010, pour ouverture l'an prochain.

«Les consommateurs ont repris confiance et accroissent leurs projets de rénovation, ce qui est lucratif pour Rona», selon M. Dutton.

Il a minimisé aussi l'impact de la fin des crédits d'impôt à la rénovation et la remontée des taux d'intérêt.

Par ailleurs, «la vigueur du marché de la revente de maisons est très bonne pour Rona. Surtout que 70% des maisons canadiennes ont plus de 20 ans, et qu'elles requièrent de plus en plus d'entretien et de rénovation».

En parallèle, riche d'au moins 600 millions en crédit disponible et en liquidités, Rona entend poursuivre ses efforts de consolidation de détaillants indépendants.

Mais les actionnaires de Rona attendent les prochains résultats trimestriels pour que se confirme l'optimisme de ses dirigeants.

Ces résultats devraient être connus dans deux semaines, pour le premier trimestre de 2010 qui s'est terminé le 31 mars.

Après une fin d'exercice 2009 réconfortante, les analystes prévoient un rebond net des revenus de 7% au premier trimestre de 2010 par rapport à l'an dernier. S'il s'avère, ce rebond effacerait le recul important subi il y a un an, alors que la récession frappait quelques mois après la grave crise financière de l'automne 2008.

Quant au résultat net, les analystes s'attendent à une marque nulle pour Rona au premier trimestre de 2010, ce qui serait mieux que la perte de 2,5 millions un an plus tôt.

En Bourse, à 17$, l'action de Rona a retrouvé hier une cote qu'elles avaient franchie en baisse en janvier 2008. Toutefois, la valeur boursière de Rona demeure inférieure de moitié au sommet précédent de 25$ l'action, qui remontre à juillet 2007.