La possibilité d'un sauvetage du détaillant Bernard Trottier Sports intéresserait déjà «au moins quatre candidats», selon le syndic responsable du dossier, alors que commence la liquidation des stocks pour réduire la dette de l'entreprise.

Aussi, la famille fondatrice de ce détaillant de 45 ans d'expérience dans le marché montréalais du ski pourrait s'ajouter à la liste des repreneurs potentiels.

«Nous avons des partenaires commerciaux et financiers qui sont prêts à participer à un rachat du commerce fondé par mon père, et auquel nous sommes demeurés très proches même si nous n'en sommes plus propriétaires depuis 1995», a soutenu Brigitte Trottier à La Presse Affaires.

À 45 ans, la fille de Bernard Trottier mène une carrière dans la mode juvénile depuis quelques années. Mais, auparavant, elle fut pendant 20 ans à la direction des achats au commerce de son père.

Pour sa part, le fils de Bernard Trottier, Robert, 43 ans, et un ex-membre de l'équipe nationale de ski, travaille toujours au magasin principal du commerçant, à Greenfield Park, sur la Rive-Sud.

Il a donc vu de près les difficultés du détaillant avec ses nouveaux propriétaires depuis deux ans, l'entreprise Michler Active Life Style, qui est maintenant en restructuration sous protection judiciaire.

«Mon frère et moi avons grandi avec le commerce de ski fondé par notre père, qui demeure très connu dans le milieu malgré son âge avancé (78 ans). Nous avons donc un intérêt personnel, émotif même, à tenter de relancer ce commerce qui porte notre nom», a indiqué Brigitte Trottier.

Cela dit, elle admet qu'une éventuelle relance de Bernard Trottier Sports s'annonce ardue. D'autant qu'il s'agit d'un commerce de quatre magasins spécialisés dans un marché – ski et planche à neige – qui vient de subir un deuxième hiver consécutif de ventes décevantes.

«Nous savons qu'il faudra renflouer ce commerce financièrement, mais aussi réduire sa trop grande dépendance du ski en ajoutant d'autres créneaux de sports», selon Brigitte Trottier.

Ses propos prudents concordent avec les informations recueillies auprès du syndic de Michler Active Life Style, ainsi que divers intervenants dans le marché du sport.

«La notoriété de Bernard Trottier Sports dans le ski demeure avantageuse. Mais, pour être viable comme commerçant, il devra sans doute se diversifier avec des sports d'été, notamment», a suggéré le directeur d'un important détaillant dans ce marché, qui a demandé de taire son identité.

Par ailleurs, au niveau financier, le syndic Noubar Boyadjian anticipe que la liquidation des stocks de 13 millions de dollars des magasins Bernard Trottier Sports et de sa boutique affiliée Obsession ne suffira à renflouer qu'une partie de la dette de leur propriétaire.

Cette dette de 7,2 millions comprend une marge de crédit prioritaire de 3,2 millions auprès de la Banque Royale et 4 millions en créances non garanties auprès de ses fournisseurs d'affaires.

Or, le paiement minimal garanti par le liquidateur embauché par le syndic s'élève à 3,9 millions, ce qui risque de laisser en suspens la majeure partie des créances des fournisseurs.