Les actionnaires du confiseur britannique Cadbury font monter les enchères et par conséquent la pression sur l'américain Kraft Foods, qui a jusqu'à mardi pour fixer un prix définitif à son offre hostile, tandis que le chevalier blanc Hershey paraît prêt à se lancer à son tour dans la course.

Au prix de clôture de vendredi, l'offre en numéraire et en actions de Kraft, ouverte jusqu'au 2 février, valorisait le britannique à 7,71 livres par action soit une valeur totale de 10,5 milliards de livres (environ 12 milliards d'euros).

Or, l'action Cadbury valait 8,05 livres à la Bourse de Londres lundi à la mi-journée, et certains de ses actionnaires commençaient à exiger des sommes de plus en plus élevées, jusqu'à 9 livres par action.

Ainsi, David Cumming, responsable des marchés d'actions chez l'assureur Standard Life, actionnaire de Cadbury à hauteur d'environ 1%, a noté qu'une offre comprise entre 8 et 8,50 livres, comme évoqué par la presse du week-end, «n'assurerait pas le soutien de compagnies comme la nôtre».

«Si Kraft veut avoir Cadbury, il lui faudra payer le prix fort pour obtenir l'accord des actionnaires de long terme, et ce prix pourrait à mon avis dépasser 9 livres», a-t-il dit. Soit plus de 12 milliards de livres.

Une telle perspective a été nourrie aussi par une interview du directeur général de Cadbury, Todd Stitzer, lundi dans le Daily Telegraph. Il a noté «qu'il se trouvait des analystes pour penser que, si nous atteignons le milieu de fourchette de nos objectifs pour 2013, le prix de notre action dépassera 10 livres». «Nous pensons que c'est ce que vaut notre entreprise», a-t-il assuré.

Kraft, dont la directrice générale Irene Rosenfeld a passé une partie de la semaine dernière à rencontrer des actionnaires de Cadbury, a une tâche très difficile pour décider où mettre le curseur d'ici à mardi.

Le groupe pourrait être tenté de ne pas monter trop haut, misant sur la crainte des actionnaires de Cadbury de voir une rechute du prix de l'action si l'offre échoue. Cadbury avait clôturé à 5,68 livres à la Bourse de Londres le 4 septembre, juste avant que Kraft ne manifeste ses intentions d'achat.

La compagnie sera aussi tenue par certains de ses actionnaires de rester raisonnable. Berkshire Hathaway, le fonds d'investissement du milliardaire américain Warren Buffett, premier actionnaire de Kraft avec près de 10%, a fait savoir qu'il ne soutiendrait Kraft que si son offre «ne détruit pas de valeur pour les actionnaires».

Enfin, Kraft a une inconnue de grande taille à affronter. Hershey, un autre confiseur américain plus petit, mais plus proche de Cadbury par la culture, et ouvertement préféré par le britannique, va-t-il se lancer dans la bataille? Si oui, cela lui donnerait le droit de rehausser encore son offre par la suite.

Selon le Wall Street Journal, Hershey se prépare à présenter une offre comprise entre 8 livres et 8,20 livres, financée par un prêt, une émission d'actions et l'apport de capitaux d'investisseurs privés et du fonds privé Hershey. Une offre sur Cadbury est maintenant «sûre à 75 ou 80%», a dit au Wall Street Journal une source proche des discussions.

De cette affaire dépend l'avenir d'une grande partie des sucreries mondiales. Kraft détient entre autres les biscuits LU, les chocolats Milka et Côte d'Or, ainsi que les cafés Maxwell et Carte Noire.

De son côté, Cadbury possède, rien qu'en France, les bonbons Carambar, Kréma, La Pie qui chante, Malabar, les cachous Lajaunie, les chewing gums Hollywood, Stimorol, Kiss Cool ou le chocolat Poulain.