Pour le troisième mois d'affilée en mars, les Canadiens et surtout les Québécois, ont laissé un peu plus d'argent dans les magasins qu'en fin d'année, alors que le pays était précipité dans la grande récession mondiale.

La valeur des ventes au détail était en hausse de 0,3% par rapport à février, indiquait hier Statistique Canada.

Les importants rabais consentis par les constructeurs et les concessionnaires de véhicules, jumelés à la baisse des prix de l'essence, expliquent cet encore timide engouement. Exprimées en volume, les détaillants ont écoulé 0,7% de plus de marchandises qu'en février.

 

La différence entre valeur et volume s'explique par un recul des prix.

Celui des voitures a sans doute fait la différence. «Les données de l'indice des prix à la consommation en mars montrent que l'achat ou la location d'un véhicule étaient aux prix de 1996», note Diana Petramala, économiste chez Banque TD Groupe financier.

La valeur des ventes de véhicules neufs a d'ailleurs bondi de 2,2% de février à mars. Sans elle, les ventes au détail reculent de 0,2%, à cause des replis importants subis par les magasins de matériaux de construction, surtout ceux concentrés dans les provinces de l'Ouest où le marché de l'habitation est en forte chute.

Les stimuli fiscaux d'Ottawa (et de Québec) devraient rétablir au moins en partie leurs chiffres d'affaires. Les Québécois ont été ceux qui semblent avoir le plus été attirés par les nombreuses promotions. La valeur des ventes a progressé de 2,0% dans la société distincte, au cours du mois. «Le Québec est la seule province qui est essentiellement retournée à son niveau de ventes inscrit en novembre», note l'agence fédérale.

À l'échelle canadienne, la valeur des ventes des détaillants est encore inférieure de 6,3% par rapport à son sommet de septembre. En volume cependant, l'écart à combler est limité à 2,6%.

Pour mesurer l'apport de la consommation de biens dans le calcul de la taille réelle de l'économie, il faut plutôt comparer les ventes de mars à celles de décembre. Or, leurs volumes étaient 4% inférieurs en rythme annualisé à ceux de décembre.

En valeur, l'écart grimpe à 8,8%, selon les calculs de Benoit P. Durocher, économiste senior chez Desjardins. Cela masque d'importantes disparités régionales. Elles plongent de 19,8% et 14,9% en Alberta et en Colombie-Britannique, mais seulement de 3,9% et 5,2% en Ontario et au Québec.

«Le pire est peut-être passé, puisqu'en avril, les suppressions d'emplois du secteur privé ont été les plus faibles depuis le début de la récession», juge Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale.

Mais que signifie le pire? Le recul du PIB au premier trimestre est évalué à de -6,5% à -7,0%, toujours en rythme annualisé. «Les données préliminaires du présent trimestre indiquent un recul beaucoup, beaucoup plus faible», assure Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux.