Profitant d'un marché au ralenti, Alimentation Couche-Tard (T.ATD.B) met la main sur 500 magasins d'ExxonMobil (XOM) aux États-Unis. Du même souffle, la chaîne de Laval se retrouve avec beaucoup plus de franchisés et une nouvelle bannière à gérer,On the Run.

Le prix de la transaction sera dévoilé plus tard. Mais, selon Raymond Paré, vice-président et chef de la direction financière de Couche-Tard, les dépanneurs ont été achetés «à des conditions fort intéressantes». Ils sont situés dans 28 États américains. Pour la très grande majorité, soit 450, il s'agit de dépanneurs franchisés.

 

Les magasins «corporatifs», beaucoup plus payants pour Couche-Tard, ne sont qu'au nombre de 43.

L'entreprise ne dévoile pas le pourcentage qu'elle retire de ses magasins affiliés ou franchisés, mais M. Paré convient que c'est «clairement moins matériel» que ceux qu'elle possède.

Il voit quand même d'importants avantages à l'arrivée de ces 450 nouveaux franchisés. D'abord, dit-il, «ça vient s'ajouter à noter pouvoir d'achat global». Ensuite, il y a des synergies, même si 25 personnes d'On the Run se sont fait offrir un boulot. Aussi, ces 450 propriétaires de dépanneur avec qui l'entreprise de Laval amorce un lien d'affaires pourront peut-être, comme des franchisés de Provi-Soir l'ont déjà fait au Québec, décider de vendre leur établissement du siège social.

Une deuxième bannière

Jusqu'à présent, Couche-Tard était connue aux États-Unis sous la bannière Circle K. Les 43 magasins «corporatifs» qu'elle acquiert dans la région de Phoenix, en Arizona, passeront d'ailleurs sous cette bannière.

Pour les 450 autres, c'est plus complexe. Couche-Tard a «un plan à l'interne» pour évaluer la marque popularisée par ExxonMobil. Même s'il reconnaît que la venue d'une deuxième raison sociale américaine représente «un défi supplémentaire», M. Paré ajoute que Couche-Tard «veut bien évaluer cette marque-là avant de prendre une décision». L'analyste Anthony Zicha, de Scotia Capitaux, croit que Couche-Tard gardera les deux bannières. Pour un temps du moins. «Ça ouvre la porte à l'international, cette transaction-là.»

Son raisonnement est le suivant: ExxonMobil a déjà mentionné qu'elle voulait se départir de ses stations-services et dépanneurs américains. Mais il n'est pas dit que, dans le contexte actuel, la deuxième pétrolière au monde ne veuille pas faire la même chose ailleurs sur la planète.

C'est ce qui fait dire à M. Zicha que cette transaction est «stratégique». On the Run pourrait ainsi servir de raison sociale à Couche-Tard à l'extérieur de l'Amérique.

Lui qui avait augmenté à la fin de mars sa recommandation sur le titre de Couche-Tard à «surperforme» (achat), maintenait hier sa cible de 17,50$ d'ici un an. M. Zicha avait augmenté sa cible en présumant d'une amélioration du marché du détail américain et en se basant sur un ratio cours-bénéfices plus bas pour Couche-Tard que pour ses pairs. Hier, le titre de Couche-Tard a pris 32 cents, ou 2,4%, à 13,44$, dans un marché baissier. Pour les actionnaires en attente d'une transaction plus importante, M. Paré ne cache pas que l'entreprise est encore à l'affût. «On a toujours été très opportunistes dans des situations de marché difficile et je pense que, encore une fois, on devrait démontrer beaucoup d'opportunisme.»

Et pour être certain que le message soit clair, il rappelle qu'il a accès facilement à quelque 600 à 650 millions. Ne reste plus qu'à obtenir le bon prix car, pour reprendre les mots du chef des finances, «il n'est pas question de payer des multiples qui ne seraient pas raisonnables dans le contexte actuel».