Le détaillant Rona (T.RON) se montre optimiste face à la restructuration judiciaire d'AbitibiBowater, mais a tout de même réduit ses approvisionnements en bois auprès de la forestière montréalaise afin notamment d'«équilibrer le risque».

«On a un très bon niveau de confort avec Abitibi», a déclaré Normand Dumont, premier vice-président à la commercialisation chez Rona, au cours d'une entrevue, mercredi. Cette confiance vient du fait que les scieries québécoises d'Abitibi où Rona s'approvisionne sont rentables, selon lui.

L'entreprise de Boucherville a tout de même diminué ses achats chez AbitibiBowater à la suite de l'importante baisse de production décrétée par la forestière depuis 2007. Mais il y a plus.

«Il y a des achats qu'on a peut-être réorientés sur la base du marché libre pour équilibrer le risque (de Rona)», a convenu M. Dumont.

Abitibi demeure le premier fournisseur de bois de Rona, lui procurant environ 10 pour cent de sa consommation totale d'environ 800 millions de pieds mesure de planche par année. Les autres principaux fournisseurs de bois de Rona sont Domtar [[|ticker sym='T.UFS'|]] et Tembec [[|ticker sym='T.TMB'|]].

Même s'il ne craint pas la faillite d'AbitibiBowater, Normand Dumont a assuré que Rona s'en remettrait facilement si elle devait survenir.

«Il y a beaucoup de fournisseurs qui sont à notre porte et qui se feraient un plaisir de fournir Rona pour ses besoins, alors moi, ça ne m'inquiète pas», a-t-il affirmé, en excluant la possibilité que le détaillant doive s'approvisionner à l'extérieur du pays.

Rona et Abitibi sont liés par un contrat d'approvisionnement qui prend fin cette année. M. Dumont aimerait bien le renouveler, soulignant que la forestière offrait des produits de «qualité» et un service à la clientèle «exemplaire».

Assemblée annuelle

Au cours de l'assemblée annuelle des actionnaires de Rona, qui s'est déroulée mercredi, le président et chef de la direction, Robert Dutton, a confirmé qu'en raison de la récession, l'entreprise ne pourrait pas atteindre son objectif de faire croître légèrement son bénéfice par action en 2009.

«L'année 2008 a été difficile, a-t-il admis. L'année 2009 le sera aussi.»

Rona, qui célèbre ses 70 ans d'existence cette année, prépare toutefois l'après-récession. On mise sur plusieurs axes de croissance: le recrutement de nouveaux marchands affiliés, le développement du secteur commercial et professionnel, le dévoilement d'un nouveau concept de magasins de moyenne surface, la mise à profit des programmes gouvernementaux de crédits d'impôts pour la rénovation résidentielle, de même qu'une nouvelle stratégie environnementale.

En plus d'adopter une politique d'approvisionnement de bois saluée par des groupes écologistes, Rona veut multiplier le nombre de produits respectueux de l'environnement. On cessera aussi, à partir du 1er juillet, de vendre des pesticides de synthèse à des fins esthétiques.

Question de «reprendre son souffle» après des années de croissance effrénée, Rona met les freins à ses acquisitions. On a également commencé à réparer les excès des dernières années: en 2008, l'entreprise a fermé quatre magasins non rentables, dont deux de grande surface en Colombie-Britannique.

Rona a enregistré en 2008 des revenus de 4,9 milliards $, en hausse de 2,2 pour cent par rapport à 2007. Les profits nets ont atteint 160,2 millions $ (1,47 $ par action), en baisse de 13,5 pour cent par rapport aux 185,1 millions $ (1,59 $ par action) dégagés pendant l'année précédente.

L'action de Rona a clôturé mercredi à 13,83 $, en baisse d'un cent, à la Bourse de Toronto.