Yves Des Groseillers, président et chef de la direction du Groupe BMTC (T.GBT.A), exploitant des magasins Brault & Martineau et Ameublements Tanguay, s'attend à une année 2009 «excessivement difficile».

Tout le secteur du commerce de détail souffre de la récession et de la crise du crédit, a souligné M. Des Groseillers lors de l'assemblée annuelle de l'entreprise, qui a eu lieu la semaine dernière à Montréal.

«On ne sera pas à l'abri de ça, a-t-il affirmé. Même s'il n'y a pas de nouveaux (concurrents) dans notre secteur, la tarte a diminué de façon importante, pour la simple raison que le crédit a été utilisé à outrance. Là, il n'y a plus personne pour prêter à personne. (...) Les automobiles, les meubles, pour n'importe quel article d'importance où il y a besoin de financement, ça devient excessivement difficile.»

Le détaillant a noté un ralentissement au quatrième trimestre de 2008 et n'entrevoit pas d'amélioration significative de la situation avant 2010. Pour M. Des Groseillers, la récession actuelle est la pire depuis la crise des années 1930, au moins.

Si les gouvernements n'avaient pas agi rapidement pour stabiliser le secteur financier et relancer l'économie, «ce serait un château de cartes qui serait complètement effondré», a-t-il avancé.

«La perte financière qui s'est produite va prendre énormément de temps à se rebâtir.»

Le dirigeant a reconnu que le nombre de clients qui se voient refuser du financement avait augmenté au cours des derniers mois, mais il n'a pas voulu être plus précis. «Les gens sont plus portés à être restrictifs au niveau du crédit et ça paraît», a-t-il admis.

Brault & Martineau et Ameublements Tanguay fondent une grande partie de leur marketing sur la possibilité de payer des meubles et des électroménagers en plusieurs versements mensuels.

Jusqu'ici, le Groupe BMTC n'a pas eu à renégocier ses ententes avec les institutions financières qui lui offrent des produits de financement destinés aux consommateurs. Le marché du crédit a timidement commencé à dégeler ces dernières semaines, mais M. Des Groseillers n'exclut pas que les règles de financement se resserrent.

«On va s'ajuster en fonction des nouvelles normes que le marché va exiger, a-t-il expliqué. Si le crédit est moins disponible, il va falloir trouver des façons (de faire des affaires).» Le bon côté des choses, a-t-il précisé, c'est que tous les joueurs du marché devront se mettre au même diapason.

Concurrents

L'entreprise espère néanmoins que la crise affaiblira ses concurrents, y compris le géant albertain The Brick [[|ticker sym='T.BRK.UN'|]].

«Je ne souhaite pas ça à personne, mais si ça pouvait arriver en 2009, ça ne me ferait pas de peine», a lancé M. Des Groseillers.

Pour faire face à la vive concurrence de Matelas Bonheur et Dormez-Vous, Brault & Martineau a ouvert, au cours des dernières années, six boutiques Galeries du sommeil dans des villes de taille moyenne de l'agglomération montréalaise. M. Des Groseillers s'est dit «plus ou moins satisfait» de l'aventure jusqu'à présent, mais il a bon espoir que le concept ait du succès à long terme.

Le président de BMTC n'a pas exclu que les profits du groupe reculent légèrement en 2009, mais il a assuré que la baisse serait moindre que celle de l'ensemble du secteur du meuble. Selon lui, il est difficile pour l'entreprise d'améliorer davantage son efficacité.

«On a fait le ménage chez nous depuis bien des années et il est maintenu de façon constante, a-t-il soutenu. (...) À un moment donné, il n'y a plus de place où couper.»

En 2008, BMTC a enregistré des revenus de 856 millions $, en hausse de 1,7 pour cent par rapport à 2007, et des profits nets de 69,9 millions $ (2,27 $ par action), en progression de 42,7 pour cent.

La société n'a pas l'intention d'ouvrir de nouveaux magasins en 2009. On exclut aussi une expansion à l'extérieur du Québec. Outre les Galeries du sommeil, BMTC exploite 10 magasins Tanguay, 10 Brault & Martineau et sept centres de liquidation. L'entreprise emploie 2500 personnes.

L'action du Groupe BMTC a clôturé à 19 $ vendredi, en hausse de 2,2 pour cent, à la Bourse de Toronto. La valeur boursière de l'entreprise dépasse les 500 millions $.