Des vélos du groupe Dorel (T.DII.B), aux climatiseurs de Rona (T.RON) en passant par des appareils de Bell Helicopter Textron: tous ont tous séjourné plus longtemps que prévu dans des entrepôts au cours de l'année. L'appétit réduit des consommateurs a un impact direct sur les tablettes... et le bilan financier des entreprises.

Les Industries Dorel ont donné le ton mardi en annonçant leurs résultats: la valeur des stocks de vélos, sièges pour bébé et autres meubles a fait un bond de 187 millions de dollars entre la fin de 2007 et la fin de 2008. Le total au 31 décembre: 509 millions de produits qui attendent de trouver preneur dans des entrepôts, selon les chiffres fournis par la direction à La Presse Affaires. Ça, c'est sur un chiffre d'affaires de 2,2 milliards.

 

Une partie de la hausse s'explique par les acquisitions de Dorel en cours d'année. Mais le gros de la hausse des stocks s'est produit l'automne dernier, quand les détaillants ont réduit leurs commandes pour faire face à une clientèle clairsemée.

L'impact direct pour Dorel, ce sont des flux de trésorerie réduits de beaucoup. Ils sont passés de 116,2 millionsde dollars en 2007 à 15,7 millions l'an dernier. «Le mandat de chacune de nos filiales est clair, a expliqué Martin Schwartz, président et chef de la direction, elles doivent réduire leurs stocks afin de consolider nos flux de trésorerie.»

Les données sur les stocks des industries manufacturières canadiennes sont contradictoires. D'un côté, à la fin de décembre, ils étaient en baisse, particulièrement dans le secteur des produits de pétrole et de charbon et des véhicules automobiles. D'un autre, comme les ventes baissent encore plus rapidement, le temps nécessaire pour vendre ces stocks (1,5 mois) n'a jamais été aussi long depuis octobre 2001. Pour les trois dernières années, la moyenne est beaucoup plus basse, à 1,31 mois.

«Il y a eu comme un effet de surprise. Les gens disaient que ça ne concernait que les autres», explique André Tchokogué, professeur agrégé à HEC Montréal. Un secteur qui en souffre particulièrement, selon lui, est le commerce de détail. «Quand vous perdez une saison, vous n'avez pas beaucoup d'autres choix que de bazarder.»

Dorel n'entend pas bazarder ses produits. «Le prix aux consommateurs sera le même», explique Jeffrey Schwartz, chef de la direction financière. Du même souffle, il doit reconnaître que, comme les produits ont été commandés en plein boom des matières premières, la marge de profit sera moins grande.

Rona et les autres

Le quincailler Rona s'est retrouvé à la fin de l'été dernier avec des BBQ et des climatiseurs en trop. Déjà, le consommateur avait un appétit moins grand que ce qu'avait prévu le détaillant de Boucherville. Résultat: les stocks ont passé l'hiver en entrepôt et se retrouvent en solde en début de saison printanière.

Autre conséquence: on a dû ajuster les commandes de produits saisonniers pour la suite de l'année 2008, explique Eva Boucher-Hartling, directrice des communications externes.

Pour d'autres types de produits, la mécanique est plus complexe. Bell Helicopter Textron Canada, à Mirabel, en sait quelque chose. «Notre modèle économique tient pour acquis qu'on n'a pas de stocks», explique Michel Legault, directeur du développement des affaires chez Bell Helicopter.

Mais entre le modèle et la réalité, il y a une différence. Comme les acquéreurs des appareils se montrent réticents à en prendre livraison, Bell a annoncé 500 licenciements le mois dernier. L'objectif est d'améliorer, comme chez Dorel, les flux de trésorerie.

En plus, des licenciements, le constructeur d'hélicoptères tente de s'entendre avec ses fournisseurs pour réduire l'approvisionnement de matériel et de pièces.

Et vous voyez la roue qui tourne, avec des fournisseurs qui, eux aussi, doivent réduire la cadence...