Les libéraux seraient très à l'aise de faire campagne sur leur bilan économique, malgré les milliards de dollars qu'ils ont ajouté à la dette nationale, a déclaré mercredi le premier ministre Justin Trudeau.

Lors d'un arrêt dans un ensemble résidentiel en banlieue d'Ottawa, M. Trudeau a vanté les mesures du dernier budget pour rendre l'accès à la propriété plus abordable.

Dans un discours à saveur électorale, M. Trudeau a parlé des « investissements historiques » de son gouvernement envers les Canadiens.

Ce qui dérange les conservateurs, a-t-il dit, c'est que l'approche des libéraux fonctionne.

Si M. Trudeau a fait état des effets positifs des dépenses du gouvernement, le chef conservateur Andrew Scheer a accusé les libéraux de nuire aux générations futures en alourdissant la dette.

Lors d'un discours devant les membres de son caucus à Ottawa, Andrew Scheer a qualifié les libéraux de Justin Trudeau de « gouvernement dépensier » qui méprise l'idée même d'un budget équilibré.

Lors de la campagne électorale de 2015, M. Trudeau avait prévenu que son gouvernement ferait des déficits modestes, pour mieux équilibrer le budget en 2019. Cet engagement a été brisé, mardi, alors que le budget prévoit un déficit de 19,8 milliards en 2019-2020.

Morneau en tournée

Le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, a fait sa propre tournée, mercredi, pour « vendre » son budget aux Canadiens, en écartant notamment les suggestions selon lesquelles certaines mesures d'accès à la propriété pourraient entraîner une hausse des prix de l'immobilier sur des marchés urbains déjà surchauffés.

Le budget prévoyait notamment des mesures pour soutenir l'accès à une première propriété.

Le ministre Morneau a précisé que le gouvernement a également pris des mesures prudentes pour s'assurer qu'une demande supplémentaire dans des marchés immobiliers exponentiels de grandes villes comme Toronto et Vancouver n'entraînera pas de hausse des prix.

En conférence de presse mercredi matin à Toronto après un petit déjeuner à l'Empire Club, le ministre a soutenu que sur quelque 500 000 logements achetés chaque année au Canada, 100 000 sont acquis par des premiers acheteurs. M. Morneau estime que les mesures d'accès à la propriété annoncées mardi pourraient ajouter entre 20 000 et 40 000 nouveaux acheteurs sur le marché, ce qui ne changerait pas la dynamique de la demande, selon lui.

M. Morneau a notamment cité dans son budget trois autres mesures visant à prévenir une flambée des prix des maisons et à augmenter l'offre : une campagne de répression du blanchiment d'argent dans l'immobilier, un financement de 10 milliards pour la construction de logements locatifs abordables, et un genre de « concours », doté de 300 millions, visant à inciter les municipalités à proposer des solutions novatrices pour l'ajout de logements.

Dans ses nouvelles mesures d'accès à la propriété, Ottawa propose d'aider les ménages dont le revenu est inférieur à 120 000 $, ce qui pourrait bénéficier à près de 100 000 nouveaux acheteurs au cours des trois prochaines années, selon les libéraux. Les personnes admissibles à ces mesures verraient la Société canadienne d'hypothèques et de logement participer au paiement des versements hypothécaires mensuels. Il sera également possible de retirer jusqu'à 35 000 $, et non plus 25 000 $, de son régime enregistré d'épargne-retraite (REER), dans le cadre du Régime d'accession à la propriété (RAP).

Comme son patron, le ministre Morneau a affirmé que les libéraux croyaient pouvoir justifier leurs dépenses pendant la campagne électorale. Plutôt que de se concentrer uniquement sur le déficit, les libéraux préfèrent parler du ratio de la dette au PIB du Canada, ou de ce que le ministre a décrit mercredi comme « la dette en fonction de notre économie ».

« Nous avons, comme je l'ai mentionné, le montant de dette le plus bas en fonction de notre économie parmi les pays du G7 ; ce montant en fonction de notre économie a été réduit chaque année de notre mandat », a soutenu M. Morneau.