Le pays a vu la création nette de 66 800 emplois en janvier, a indiqué vendredi Statistique Canada, un gain aussi important qu'inattendu, alimenté par une reprise de l'embauche dans le secteur privé.

Le rapport de l'agence fédérale a en outre révélé qu'un plus grand nombre de personnes s'étaient mis à la recherche d'un emploi le mois dernier, ce qui a fait grimper le taux de chômage à 5,8 %, par rapport à celui de 5,6 % enregistré en décembre.

La plus forte création d'emplois a été observée dans le secteur privé, où l'augmentation a été de 111 500 emplois en janvier. Cela représente la plus forte hausse mensuelle dans cette catégorie depuis le début de la collecte de ces données, en 1976. Le nombre de travailleurs autonomes, qui peut inclure certains emplois non rémunérés, a diminué de 60 700.

Le secteur des services a enregistré un gain de 99 200 emplois, soutenu par la création de postes dans le commerce de gros et de détail, tandis que les industries productrices de biens ont enregistré une perte nette de 32 300 emplois, a indiqué le rapport.

« Le gain d'emplois total a été manifestement très impressionnant », a observé Douglas Porter, économiste en chef de la Banque de Montréal. « Et même dans les détails, il semble y avoir eu une incroyable démonstration de force du secteur privé. »

Mais M. Porter était également prudent, et a rappelé que le nombre d'emplois mensuels a tendance à fluctuer un peu.

Il vaut mieux, a-t-il ajouté, se pencher sur les tendances trimestrielles et semestrielles, qu'il a également qualifiées de solides ces derniers mois.

Il a ajouté qu'il était également important de tenir compte de l'accélération de la croissance de la population et de la main-d'oeuvre du Canada, en grande partie grâce à l'immigration. Pour cette raison, le pays a pratiquement besoin de solides chiffres sur l'emploi chaque mois pour favoriser la stabilité du taux de chômage, a noté M. Porter.

Sherry Cooper, économiste en chef pour les Centres hypothécaires Dominion, a écrit dans une note de recherche adressée à des clients que l'augmentation du nombre de personnes à la recherche d'un emploi était un signe de vigueur, même si elle a fait augmenter le taux de chômage.

« Cela suggère qu'il y a plus de capacité dans l'économie, avant même que les pressions inflationnistes ne commencent à grimper - un élément important pour la Banque du Canada », a écrit Mme Cooper.

Dans l'ensemble, les économistes tablaient en moyenne sur la création de 8000 emplois en janvier, et sur un taux de chômage de 5,7 %, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters Eikon.

Hausse du salaire horaire moyen

La croissance moyenne annuelle des salaires horaires des employés permanents a été de 1,8 % en janvier, contre 1,5 % en décembre. Cela demeure bien en deçà du sommet de 3,9 % enregistré en mai.

Même avec cette amélioration, le chiffre de janvier reste juste en dessous du niveau de l'inflation, ce qui suggère que les salaires des Canadiens pourraient avoir du mal à suivre la hausse des prix des biens de consommation.

La Banque du Canada s'intéresse à la croissance des salaires avant de prendre ses décisions en matière de taux d'intérêt, en essayant de déterminer dans quelle mesure les ménages endettés peuvent absorber une hausse des coûts d'emprunt. La banque centrale s'appuie cependant sur une lecture qui intègre des données sur la masse salariale provenant de plusieurs sources, et pas seulement de l'enquête sur la population active de Statistique Canada.

Des économistes ont estimé que le rapport publié vendredi ne modifierait probablement pas la position de la Banque du Canada quant au calendrier de sa prochaine hausse de taux. De nombreux analystes s'attendent à ce que le gouverneur Stephen Poloz attende beaucoup plus tard en 2019 avant de modifier son taux directeur.

Le Canada a ajouté 30 900 emplois à temps plein le mois dernier et 36 000 postes à temps partiel, a précisé le rapport de Statistique Canada.

Un plus grand nombre de jeunes Canadiens âgés de 15 à 24 ans ont trouvé un emploi le mois dernier, alors que l'emploi chez les jeunes a gagné 52 800 postes. Le taux de chômage des jeunes a légèrement augmenté, passant de 11,1 % en décembre à 11,2 %, parce que davantage de jeunes cherchaient du travail.

Par région, l'Ontario et le Québec ont connu les plus fortes augmentations d'emploi le mois dernier. Le nombre de travailleurs ontariens a augmenté de 41 000, en raison d'une hausse du travail à temps plein. Une hausse du nombre de personnes à la recherche d'un emploi a cependant fait grimper le taux de chômage de 0,3 point, à 5,7 %. Au Québec, quelque 16 000 emplois ont été créés et le taux de chômage a reculé de 0,1 point pour s'établir à 5,4 %.

De son côté, l'Alberta, durement frappée par la baisse du prix du pétrole, a perdu des emplois pour un deuxième mois de suite et a vu son taux de chômage grimper de 6,4 % à 6,8 %.