L'inflation annuelle canadienne a enregistré une accélération inattendue le mois dernier pour s'établir à 2,0 %, l'augmentation des prix des tarifs aériens et des légumes frais ayant contrebalancé la baisse des prix de l'essence, a indiqué vendredi Statistique Canada.

D'une année à l'autre, les prix ont accéléré en décembre, après que l'inflation se soit établie à 1,7 % en novembre, a précisé l'agence dans son plus récent rapport sur l'indice des prix à la consommation. Les économistes s'attendaient à une inflation de 1,7 % en décembre, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters Eikon.

Même si l'inflation d'ensemble a progressé à un rythme plus rapide le mois dernier, la moyenne des trois indicateurs d'inflation de base est restée stable à 1,9 %, ce qui est près de la cible idéale de 2,0 % de la Banque du Canada.

Des experts ont estimé que les chiffres de vendredi sur l'inflation de base de vendredi signifiaient qu'il n'y avait aucune urgence pour la banque centrale de relever son taux d'intérêt directeur - du moins pas sur la seule base de l'inflation.

« Ils verront qu'il n'y a pas d'accélération de l'inflation [de base], alors ils pourront patienter dans les mois à venir », a fait valoir l'économiste en chef adjoint de la Banque Nationale, Matthieu Arseneau, à propos du conseil de direction de la banque centrale.

« Pour la Banque du Canada, l'accent a été légèrement déplacé [pour se] concentrer davantage sur la croissance au cours des prochains mois, alors je pense que, pour le moment, le rapport [sur l'inflation] est moins important. »

L'inflation de base, qui exclut les composants plus volatils tels que l'essence, est la mesure privilégiée par la Banque du Canada pour la guider dans ses décisions sur le taux directeur. La banque centrale peut notamment augmenter son taux afin d'empêcher l'inflation de grimper trop haut.

« Malgré la surprise à la hausse liée à l'inflation d'ensemble, les mesures de base ont poursuivi leur allure lente et régulière de 2018 », a écrit vendredi l'économiste principal de la Banque TD, Brian DePratto, dans une note de recherche.

« Ce sont peut-être des indicateurs quelque peu rétrospectifs, mais le message reste clair : il y a peu de signes de pression inflationniste fondamentale pour le moment. »

Hausse des prix dans sept provinces

Un examen plus approfondi des chiffres montre que les prix de l'essence, en baisse de 8,6 % le mois dernier, ont empêché l'inflation totale d'être encore plus élevée. En excluant les prix de l'essence, l'inflation était de 2,5 % en décembre.

Par rapport à l'année précédente, Statistique Canada a souligné que les Canadiens payaient 14,9 % de plus pour les légumes frais et 28,1 % de plus le mois dernier pour le transport aérien - principalement en raison de la hausse des prix des voyages pendant les vacances.

M. DePratto a noté que les observateurs devraient rester prudents lors des comparaisons d'une année sur l'autre des tarifs aériens, puisque Statistique Canada a introduit un changement de méthodologie pour cette catégorie au début de 2018.

L'inflation était également en hausse le mois dernier en raison d'une augmentation de 7,5 % du coût des intérêts hypothécaires, d'une augmentation de 3,8 % des factures de restaurant et d'une augmentation de 5,1 % des primes d'assurance pour véhicules automobiles.

Parmi les principales forces à la baisse des prix, les consommateurs ont payé 5,6 % de moins pour les hôtels, 4,1 % de moins pour le gaz naturel et 5,7 % de moins pour les appareils et équipements informatiques numériques.

Sur une base annuelle, les prix ont augmenté le mois dernier à une cadence plus rapide dans sept provinces, par rapport au moins de novembre, selon les chiffres de Statistique Canada. Seuls Terre-Neuve-et-Labrador, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick ont vu leurs prix augmenter plus lentement.

Au Québec, les prix à la consommation ont augmenté de 1,1 % d'une année à l'autre, a indiqué l'agence fédérale, après avoir progressé de 0,9 % en novembre. « Parmi les provinces, les prix des légumes frais (20,7 %) ont augmenté le plus au Québec », a-t-elle précisé.

Dans l'ensemble, la plus forte inflation de décembre pourrait surprendre la Banque du Canada, qui a indiqué la semaine dernière s'attendre à ce que la mesure continue de ralentir pour rester en dessous de la barre de 2,0 % tout au long de 2019, principalement en raison de la baisse des prix de l'essence.

La banque avait toutefois noté que l'affaiblissement du dollar canadien pourrait exercer certaines pressions à la hausse sur l'inflation. La Banque du Canada a pour objectif de maintenir l'inflation le plus près possible du centre de la fourchette comprise entre 1,0 % et 3,0 %.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a maintenu le taux directeur de la banque inchangé à 1,75 % la semaine dernière, alors que l'économie évoluait dans ce qu'il a décrit comme une période temporaire de ralentissement créée par la récente chute prononcée du prix du pétrole.

M. Poloz a répété que plus d'augmentations de taux seraient encore nécessaires « avec le temps ». Un total de cinq hausses du taux directeur ont eu lieu depuis l'été 2017, en réponse à la reprise de l'économie.