De gros nuages d'orage commercial qui pesaient sur les perspectives de l'économie canadienne se dissipent enfin. Mais l'horizon n'est pas entièrement dégagé pour le Canada, considérant ses défis persistants de compétitivité dans l'économie continentale et mondiale. C'est ainsi que des économistes parmi les plus influents au Canada ont commenté l'annonce d'un nouvel accord commercial avec les États-Unis et le Mexique, qui succédera à l'ALENA. Voici un résumé de leurs propos recueillis par La Presse.

« C'est une bonne nouvelle pour l'économie du Québec et du Canada. À court terme, la principale différence est l'apaisement du climat d'incertitude qui freinait les investissements des entreprises ; certaines étaient un peu plus hésitantes en attendant de savoir si le libre-échange avec les États-Unis et le Mexique allait être maintenu ou non.

« Donc, ce nouvel accord pourrait avoir un petit effet positif sur la croissance économique avec un rehaussement des investissements des entreprises au-delà de ce qui était déjà en cours, afin de répondre à la croissance de la demande et aux pénuries de personnel compétent dans certains secteurs. » - Benoit Durocher, économiste principal, Mouvement Desjardins

« Après des mois de négociations, le Canada a enfin donné son feu vert à un accord commercial modernisé avec les États-Unis et le Mexique. Notre prévision de croissance du PIB pour 2019, qui présumait qu'un accord serait conclu, est inchangée à 1,9 %. Mais avec la conclusion d'une entente plus vite que prévu, nous devançons le moment de l'appréciation du dollar canadien. Nous nous attendons maintenant à ce que le taux de change atteigne 1,25 $CAN/1 $US [ou 80 cents US] au premier trimestre de l'an prochain.

« Entre-temps, l'annonce de l'accord commercial avec les États-Unis lève le dernier obstacle à la normalisation de la politique monétaire [la hausse de taux d'intérêt] par la Banque du Canada.

« La banque centrale, qui s'inquiétait des exportations et de l'investissement avec l'imposition de barrières tarifaires, peut maintenant s'attaquer avec vigueur à la montée de l'inflation, qui a atteint en août son plus haut niveau depuis 2012. » - Krishen Rangasamy, économiste principal, Banque Nationale

« Pour le Canada, cet accord visait principalement à minimiser l'impact négatif sur l'économie qui aurait pu résulter des demandes américaines les plus sévères. En fin de compte, bien que le Canada ait fait des concessions, le plus grand avantage de cet accord est qu'il éliminera un énorme nuage d'incertitude pour les décideurs politiques et les entreprises.

« Cet accord réduit considérablement les incertitudes entourant les perspectives de l'économie canadienne pour 2019. En fait, cet accord inverse de baissier à haussier le risque d'impact sur notre prévision de croissance de 2 % pour l'an prochain, après celle de 2,1 % qui devrait être atteinte cette année. » - Douglas Porter, économiste en chef, Banque de Montréal (BMO)

« L'entente conclue entre les États-Unis, le Canada et le Mexique s'avère une issue nettement plus favorable que l'alternative d'une guerre commerciale. Mais elle ne constitue pas pour autant un remède aux maux du secteur des exportations du Canada.

« L'accord ne changera pas énormément les perspectives de croissance de l'économie canadienne, étant donné son piètre bilan en matière de progression des volumes d'exportation ou de la capacité industrielle depuis 2000, à l'exclusion de l'énergie. » - Avery Shenfeld, économiste en chef, Banque CIBC

« C'est une bonne entente pour le Canada dans l'ensemble, mais surtout parce que les États-Unis ont renoncé à la plupart de leurs demandes extrêmes.

« À première vue, cette entente pourrait relever la croissance économique du Canada un peu plus haut en 2019, et stimuler quelque peu les perspectives pour 2020.

« Toutefois, toutes les incertitudes économiques liées au commerce international ne seront pas levées tant que durera l'escalade des tensions entre les États-Unis et la Chine. » - Derek Holt, vice-président et chef des études économiques, Banque Scotia

« L'accord est loin d'être parfait, mais d'autres résultats potentiels nettement plus négatifs ont probablement été évités, tels que l'exclusion du Canada d'un accord révisé entre le Mexique et les États-Unis, et des tarifs douaniers élevés sur les exportations de voitures canadiennes aux États-Unis.

« En éliminant de gros nuages d'incertitude concernant le commerce continental, il est très probable que cet accord ait un impact positif sur la croissance économique, en particulier pour le Canada et le Mexique. » - Derek Burleton, économiste en chef adjoint, Banque TD