Après avoir pris une pause de six mois, Stephen Poloz semble prêt à regagner le chemin des hausses de taux cette semaine.

Les récents signaux émis par le gouverneur de la Banque du Canada, conjugués à la publication de solides données économiques, laissent présager que M. Poloz haussera le taux directeur, actuellement à 1,25 %.

Privilégiant une approche prudente qui s'appuie sur les données économiques, M. Poloz n'a pas modifié le taux directeur depuis qu'il l'a augmenté en janvier, une décision qui faisait suite aux hausses précédentes de septembre et juillet.

Une nouvelle augmentation des taux cette semaine surviendrait alors que le Canada fait face à un certain nombre d'incertitudes liées au commerce, y compris les négociations de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), les tarifs américains sur l'acier et l'aluminium et la menace de plus de tarifs supplémentaires sur le secteur automobile.

L'économiste en chef de la Banque TD, Beata Caranci, dit s'attendre à ce que M. Poloz se fie aux données qu'il a sous les yeux. Et plusieurs analystes jugent qu'elles ont été bonnes récemment - notamment les résultats de l'enquête de la Banque du Canada sur le moral des entreprises, les données sur le marché du travail et celles sur la croissance des salaires.

Selon Mme Caranci, la décision d'augmenter le taux dès maintenant pourrait donner à M. Poloz plus de flexibilité pour éventuellement l'abaisser si le conflit commercial devait se détériorer davantage.

En outre, même si une majorité d'observateurs s'attendent à ce que M. Poloz augmente les taux cette semaine, certains prédisent que l'incertitude commerciale soutenue sera suffisante pour que la banque centrale choisisse d'attendre encore un peu plus longtemps.

La Banque Nationale a récemment écrit, dans une note de recherche, que les développements commerciaux depuis la dernière réunion de la banque centrale - y compris les pourparlers de l'ALENA et une possible guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine -, suffiraient à faire hésiter M. Poloz.

Mais en exprimant ce point de vue, la Banque Nationale a reconnu qu'elle représentait l'exception dans un marché qui estime largement que les conditions sont bonnes pour une nouvelle augmentation des taux d'intérêt.