Les États-Unis sont bien mieux outillés que le Canada pour résister à l'utilisation de tarifs en tant que «massue» dans les négociations commerciales, même si les Américains ressentiront eux aussi la douleur qui leur est associée, a estimé jeudi l'économiste en chef de la Banque CIBC.

Certains Américains verront grimper les prix des biens importés depuis le Canada, mais les producteurs américains seront exposés à un plus faible risque parce que leur marché national est bien plus grand que le nôtre, a souligné mardi Avery Shenfeld au cours d'un panel sur l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) organisé à Toronto.

La menace de tarifs de 25 % sur les véhicules automobiles importés et les pièces d'automobiles - en plus des tarifs déjà en place sur l'acier et l'aluminium - fait planer un nuage au-dessus de la tête d'une des plus grandes industries du Canada.

Selon le président de Constructeurs mondiaux d'automobiles du Canada, David Adams, «l'incertitude a pour effet de (...) diriger plus d'investissements aux États-Unis, qui sont davantage considérés comme un refuge».

Si les tarifs font grimper le coût des véhicules de 6000 $, 10 000 $ ou plus, ils les rendront peu concurrentiels sur le marché américain, a-t-il observé.

L'administration Trump a évoqué la section 232 de la loi sur la sécurité nationale pour expliquer l'imposition de tarifs sur les importations d'acier et d'aluminium, incluant celles en provenance du Canada. Le président Trump a aussi ordonné au département du Commerce d'enquêter afin de déterminer si les automobiles, camions et pièces automobiles représentaient eux aussi une menace à la sécurité nationale en vertu de la même loi.

Cependant, le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, a suggéré la semaine dernière, lors d'un passage devant un comité sénatorial américain, que les tarifs qui visaient le Canada et le Mexique avaient plus à voir avec les négociations de l'ALENA qu'avec la sécurité nationale.

«Notre objectif est d'avoir un nouvel ALENA, un ALENA qui aide l'Amérique et, dans ce cadre, la 232 disparaîtrait logiquement, tant en ce qui concerne le Canada que le Mexique», a affirmé M. Ross le 20 juin.