Les conservateurs laissent entendre que la situation à la table de renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) pourrait se désenvenimer si le Canada acceptait de participer au système de défense antimissile des États-Unis.

Le chef Andrew Scheer dit toujours croire en la possibilité de sauver le traité entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. Ottawa ne devrait pas immédiatement accepter de conclure deux ententes distinctes avec ses partenaires, a-t-il avancé.

Le mois dernier, sa prédécesseure, l'ex-chef conservatrice par intérim Rona Ambrose, avait soulevé le danger de s'en prendre au gouvernement en pleines négociations, ce qui pourrait donner l'impression que l'opposition à la Chambre des communes se range derrière le président Donald Trump.

Dans les derniers jours, le premier ministre Justin Trudeau a à la fois écarté la possibilité de négocier une entente bilatérale avec les États-Unis et refusé d'inclure une clause crépusculaire dans l'ALENA, comme le demandait Washington.

Mercredi, Andrew Scheer a exprimé son soutien au gouvernement de Justin Trudeau sur certains plans, mais l'a aussi attaqué sur d'autres.

«Je pense qu'aussi longtemps qu'il sera possible de préserver l'ALENA avec les trois parties, ce devra bien sûr être la priorité, a-t-il reconnu. Le Canada a une quantité appréciable d'échanges commerciaux avec le Mexique et nous croyons que l'ALENA a très bien servi le Canada au cours des deux dernières décennies.»

Il a aussi approuvé le rejet d'une clause crépusculaire, les ententes à long terme étant à ses yeux préférables.

Les conservateurs ne sont toutefois pas impressionnés par la manière avec laquelle Justin Trudeau gère les pourparlers, a fait comprendre M. Scheer.

Ce dernier s'inquiète notamment du fait que les surtaxes imposées en guise de représailles n'entreront en vigueur qu'un mois après les tarifs américains.

«Sur l'acier et l'aluminium, je pense que c'est clair qu'il y a une logique d'imposer les tarifs immédiatement», a-t-il objecté.

Quant à l'ALENA, l'insistance de Justin Trudeau sur des enjeux comme l'environnement et l'égalité des sexes a selon lui contribué à enliser les discussions.

Le porte-parole conservateur en matière d'Affaires étrangères, Erin O'Toole, soutient que le Canada pourrait s'attirer un capital de sympathie en adhérant au bouclier antimissile balistique des États-Unis - une idée qui avait été rejetée par l'ex-premier ministre libéral Paul Martin en 2005.

En septembre dernier, Justin Trudeau avait toutefois ouvert la porte à cette idée, à la lumière de la nouvelle menace qui se dessine sur la péninsule coréenne.

Mercredi, le premier ministre a pris le temps de remercier les conservateurs et les autres partis de l'opposition pour leur appui durant les négociations, se réjouissant de l'unité de la Chambre des communes sur ce dossier.

«Avec cette administration américaine en particulier, nous devons être prêts à tout», a-t-il lancé.