La Banque du Canada a maintenu son taux d'intérêt directeur, mercredi, mais a laissé entendre qu'elle pourrait le hausser plus tard cette année puisque l'économie canadienne a été un peu plus vigoureuse que prévu au premier trimestre.

La banque centrale a maintenu sa cible pour le taux de financement à un jour - un repère financier clé qui influence les taux préférentiels des grandes banques du pays - à 1,25 %.

Dans un communiqué expliquant sa décision, la banque a noté que les exportations étaient plus robustes que prévu et que les données sur les importations de machines et de matériel permettaient de croire que la reprise des investissements se poursuivait. L'activité immobilière était cependant plus faible au deuxième trimestre, alors que le marché de l'habitation continuait «de s'ajuster aux nouvelles lignes directrices sur les prêts hypothécaires et aux taux d'emprunt plus élevés».

«Pour la période à venir, la solide croissance du revenu du travail conforte les attentes selon lesquelles l'activité dans le secteur du logement se redressera et la consommation continuera de contribuer de façon importante à la croissance en 2018», a-t-elle ajouté.

Selon la banque centrale, l'activité économique mondiale reste généralement sur la bonne voie, mais l'incertitude persistante sur les politiques commerciales freine l'investissement des entreprises mondiales et des tensions se développent sur certaines économies de marché émergentes.

Elle a souligné que les récents développements avaient renforcé son opinion voulant que des hausses de taux soient éventuellement justifiées pour maintenir l'inflation proche de sa cible, précisant que son approche à ce chapitre serait graduelle et guidée par les nouvelles données économiques.

«En particulier, la banque continuera d'évaluer la sensibilité de l'économie aux mouvements des taux d'intérêt et l'évolution des capacités économiques», a-t-elle expliqué.

Un ton plus déterminé

Les économistes s'attendaient à ce que la Banque du Canada maintienne son taux directeur mercredi, mais plusieurs croient qu'il pourrait grimper plus tard cette année.

La déclaration de la banque centrale avait «un ton déterminé, suggérant que la prochaine hausse des taux n'est pas loin», a déclaré Brian DePratto, économiste principal de la Banque TD.

«Tout compte fait, les points positifs semblent l'emporter sur les points négatifs», a écrit M. DePratto dans une note à ses clients.

«Les références à la prudence des dernières déclarations ont disparu. La déclaration d'aujourd'hui a plutôt choisi le terme 'graduel» pour qualifier l'approche des ajustements de politique. Il faut noter que la sensibilité aux taux d'intérêt et l'évolution de la capacité économique sont restées des domaines d'intérêt particulier.»

Malgré tout, David Watt, économiste en chef pour le Canada à la Banque HSBC, s'attend à ce que la banque centrale laisse son taux inchangé pour le reste de l'année.

«À notre avis, la témérité de la Banque du Canada est prématurée», a-t-il écrit dans un rapport.

M. Watt a évoqué la croissance modérée du marché de l'emploi, la faible croissance des exportations autres que celles de l'énergie, l'incertitude entourant les politiques commerciales, la retenue des dépenses en immobilisations et des indicateurs laissant croire que la situation des ménages s'est détériorée avec les hausses de taux précédentes et celle du prix de l'essence. Selon lui, toutes ces raisons pourraient convaincre la banque centrale de laisser son taux inchangé.

La décision de la banque centrale de ne pas modifier son taux directeur survient alors que l'inflation dépasse le point médian de 2,0 % de sa fourchette-cible d'entre 1,0 % et 3,0 %. Même l'inflation de base s'est hissée au-dessus de la barre des 2,0 % pour la première fois depuis 2012.

Elle a noté que l'inflation serait probablement un peu plus élevée à court terme qu'elle le prévoyait dans son Rapport sur la politique monétaire d'avril, en raison des augmentations récentes des prix de l'essence, mais qu'elle ferait abstraction de l'impact transitoire des fluctuations à la pompe.

La banque centrale a relevé son taux directeur à trois reprises depuis l'été dernier, ce qui a incité les grandes banques canadiennes à hausser leurs taux préférentiels, qui sont utilisés pour fixer les taux exigés pour les prêts hypothécaires à taux variable et autres prêts à taux variable.

La prochaine décision de la Banque du Canada sur les taux d'intérêt est prévue pour le 11 juillet, date à laquelle elle mettra également à jour ses perspectives pour l'économie et l'inflation de son rapport sur la politique monétaire.