La première ministre de l'Ontario a soutenu mardi qu'il est temps de mettre un terme aux iniquités salariales entre les hommes et les femmes qui persistent dans la province.

Dans certains milieux de travail en Ontario, les femmes gagneraient jusqu'à 30 % de moins que les hommes, et cet écart ne bougerait pas depuis une dizaine d'années. Le gouvernement libéral de Kathleen Wynne a déposé mardi un projet de loi qui imposerait notamment à tous les employeurs qui affichent un poste publiquement d'en dévoiler la rémunération ou l'échelle salariale.

De plus, les employeurs ne pourraient interroger un candidat sur sa rémunération antérieure, et toute mesure de représailles à l'endroit d'employés qui discutent entre eux de leur rémunération serait dorénavant interdite. Les grands employeurs devraient aussi informer le gouvernement des écarts salariaux fondés sur le sexe ou d'autres caractéristiques. Les entreprises qui ne respecteraient pas la loi en matière d'équité et de transparence pourraient écoper d'amendes.

Ces mesures de transparence salariale s'appliqueraient tout d'abord au secteur public de la province, avant d'être étendues aux grandes entreprises qui emploient plus de 500 personnes, puis éventuellement à celles qui en emploient plus de 250. Cette initiative de «transparence salariale» s'inscrit dans la stratégie du gouvernement libéral en matière d'émancipation économique des femmes, dotée d'un budget de 50 millions sur trois ans.

«Nous devons nous pencher sur les réalités vécues par les femmes», a expliqué mardi la première ministre Wynne, dont l'équipe libérale a fait de l'équité un des enjeux de la prochaine campagne électorale en vue du scrutin de juin. «Les femmes ne touchent toujours pas le même salaire que les hommes. Leur horizon est limité dès leur plus jeune âge. Nous devons cesser de les traiter de cette façon.»

Mme Wynne a soutenu que les écarts salariaux entre les Ontariens et les Ontariennes se situaient encore entre 12 % et 29 %, selon les employeurs. «À l'heure actuelle, on constate en milieu de travail du ressentiment et de l'hostilité à cause du manque de transparence - les gens se demandent comment est payé ce collègue ou celui-là», a soutenu Mme Wynne. «Notre projet de loi vise précisément cela. Je crois que les gens peuvent composer avec des informations justes.»

Le ministre du Travail, Kevin Flynn, a expliqué mardi que pour rédiger son projet de loi, le gouvernement s'était inspiré de ce qui se faisait déjà ailleurs, notamment en Allemagne, en Australie et au Royaume-Uni. Il soutient que ces pays ont réussi à réduire de moitié l'écart salarial en peu de temps. «Nous croyons pouvoir le faire en trois ou quatre ans», a prédit le ministre Flynn.