Étirer les négociations sur l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) jusqu'en 2019 prolongerait l'incertitude pour l'économie canadienne, ce qui atténuerait sa croissance au cours de la prochaine année, calculent les économistes de la Banque Scotia.

Selon leur rapport, une telle incertitude réduirait de 0,2 point de pourcentage la croissance du produit intérieur brut (PIB). Malgré tout, la banque s'attend toujours à ce que l'économie progresse en 2018 - d'environ 2,3 pour cent.

Les négociations plus sérieuses, sur les questions les plus épineuses, viennent de commencer, mais plusieurs se demandent ce qui se passera lorsque le calendrier des négociations prendra fin, après une ultime ronde de discussions prévue en mars, notamment en raison de la tenue d'élections au Mexique et aux États-Unis.

Une des possibilités envisagées est de ralentir la cadence des discussions, avant de les faire renaître en décembre, une fois passées l'élection présidentielle mexicaine et les élections du Congrès américain.

«Les efforts déployés pour «renégocier et moderniser» l'ALÉNA semblent en voie de se prolonger au-delà de la date limite actuelle de mars 2018», écrit la Scotia dans ses prévisions.

«Des questions difficiles doivent encore être réglées et le calendrier pour le reste de 2018 s'annonce chargé au chapitre de la politique, ce qui pourrait retarder davantage la tenue de discussions.»

Selon la Banque Scotia, l'incertitude entourant l'avenir de l'ALÉNA risque de ralentir les investissements au Canada et au Mexique. Les États-Unis devraient cependant échapper à ce refroidissement.

Cette incidence sur l'économie canadienne fait écho à certaines observations de la Banque du Canada.

Dans son plus récent Rapport sur la politique monétaire, la banque centrale a souligné un léger ralentissement dans les investissements directs étrangers en installations nouvelles au Canada.

«(Ces investissements) diminuent depuis le milieu de 2016, surtout ceux en provenance d'Europe, mais aussi des États-Unis, un signe possible des effets de l'incertitude liée aux politiques du commerce extérieur», affirmait la banque centrale dans son rapport.

«On s'attend à ce que cette incertitude ait pour effet de réduire d'environ deux pour cent le niveau des investissements d'ici la fin de 2019.»

Le gouvernement canadien a lui aussi évoqué certaines craintes quant à l'ombre que pourrait jeter une telle incertitude sur les investissements.

«Nous aimerions que cette entente soit conclue aussi rapidement que possible, a affirmé la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, lors d'une rencontre à Mexico avec ses homologues nord-américains. L'incertitude n'est jamais bonne pour la confiance en affaires.»

Cela étant dit, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a ajouté vendredi que le pays devait être prêt à quitter la table des négociations si jamais l'entente qui lui était proposée n'était pas jugée satisfaisante.