Malgré l'incertitude au sujet de la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), les entreprises canadiennes croient que leurs ventes vont continuer à croître et elles prévoient augmenter leurs investissements, indique le plus récent sondage de la Banque du Canada.

Après les bons chiffres sur l'état du marché du travail publiés vendredi dernier, les résultats positifs de ce coup de sonde devraient inciter le gouverneur Stephen Poloz à relever le taux directeur dès mercredi prochain plutôt qu'attendre en mars.

Les sondages que mène la banque centrale quatre fois par année auprès d'une centaine d'entreprises représentatives de l'économie canadienne lui servent de guide pour la conduite de sa politique monétaire. Celui réalisé à la fin de 2017 indique que les entreprises sont plus optimistes à propos de l'augmentation de leurs ventes et qu'elles comptent investir pour répondre à une demande croissante.

La confiance des entreprises a remonté d'un cran depuis le dernier sondage réalisé l'été dernier. En tenant compte de tous les facteurs considérés, l'indicateur « fait foi d'un optimisme généralisé des répondants », souligne la banque centrale.

Les entreprises misent ainsi sur une croissance de leurs exportations, même si la renégociation de l'ALENA est loin d'être assurée. Elles comptent sur la vigueur de l'économie américaine et sur la faiblesse du dollar pour alimenter leur croissance au cours des 12 prochains mois.

Indicateur important pour la Banque du Canada, les intentions d'investissements ont rebondi à la fin de 2017, pour se rapprocher des niveaux atteints après la récession de 2009. Les entreprises prévoient aussi embaucher davantage et sont de plus en plus nombreuses à penser qu'elles ne pourraient pas répondre à une hausse inattendue de la demande pour leurs produits.

Les pénuries de main-d'oeuvre sont de plus en plus mentionnées comme un frein à la croissance. Ces pénuries sont surtout observées dans le secteur des technologies de l'information, du tourisme et de l'hôtellerie, dans la construction et dans l'immobilier, disent les entreprises.

Pour la banque centrale, c'est le signe que l'économie fonctionne à son plein potentiel, et ce, d'un océan à l'autre. Seule exception, les régions productrices d'énergie, comme l'Alberta, ont encore des ressources de production inutilisées.

HAUSSE DES TAUX D'INTÉRÊT

Depuis la publication la semaine dernière de l'Enquête sur la population active indiquant que le taux de chômage au Canada a atteint son niveau le plus bas depuis 40 ans, les marchés s'attendent à une hausse du taux directeur dès mercredi prochain, le 17 janvier.

Les probabilités sont passées de 40 % à plus de 80 %, a précisé hier Benoit P. Durocher, économiste principal de Desjardins, en parlant des contrats à terme qui s'échangent sur les marchés.

Le taux directeur de la Banque du Canada est de 1 %, après avoir augmenté deux fois dans la deuxième moitié de 2017.

Comme plusieurs autres observateurs, Benoit Durocher souhaite que la Banque du Canada n'attende pas trop avant d'augmenter les taux plus rapidement. « Plus on attend et plus on risque d'être obligés de réagir plus abruptement, explique-t-il. Dans un contexte d'endettement élevé des ménages, ça pourrait causer un choc. »

Infographie La Presse