La fin de l'entente de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique est de plus en plus probable, et ça fera mal au Canada, croient les économistes de la Banque de Montréal. Mais ce ne sera un désastre pour aucun des trois pays.

L'économiste en chef Doug Porter et son équipe se sont penchés sur ce qu'ils estiment le scénario le plus probable, soit la fin de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et la fin également de l'Accord de libre-échange Canada-États-Unis qui l'a précédé. Les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et ses tarifs s'appliqueraient alors aux échanges canado-américains. Voici leurs constats.

TOUS PERDANTS

L'économie du Canada souffrirait davantage que celle des États-Unis de la fin du libre-échange, mais il y aurait des répercussions négatives sur la croissance économique des deux pays. Au Canada, l'emploi diminuerait de 0,5 %, et le taux de chômage augmenterait de 5 points de base.

Incidence sur le PIB

Canada : -0,7 %

États-Unis : -0,2 %

UN DOLLAR À 0,74 $US

Advenant la fin de l'ALENA, la Banque du Canada cesserait le mouvement à la hausse des taux d'intérêt qu'elle vient d'amorcer, ce qui aura pour effet d'affaiblir le dollar canadien. Une dépréciation de 5 % de la devise canadienne est prévisible, ce qui contribuera à l'augmentation du prix de plusieurs produits. Les consommateurs des deux côtés de la frontière seraient d'ailleurs les grands perdants, en raison de la hausse des prix des biens frappés par les tarifs. Au Canada, les prix à la consommation pourraient augmenter de 0,8 %.

« Les dépenses d'investissement des entreprises diminueraient également, en partie en raison de l'incertitude du climat commercial et des perspectives de croissance généralement affaiblies. » - Doug Porter, économiste en chef, BMO Groupe financier

D'AUTRES PARTENAIRES

Le gouvernement canadien pourra atténuer le choc de la fin de l'ALENA en concluant de nouvelles ententes commerciales avec les économies à croissance rapide. Le Partenariat transpacifique, le Mercosur et l'Accord économique et commercial global avec l'Union européenne contribueront à réduire les dommages économiques.

MÊME DÉFICIT COMMERCIAL

Les États-Unis veulent mettre fin à l'ALENA pour réduire leur déficit commercial avec le Canada et le Mexique, mais la probabilité est grande qu'une fois l'accord éliminé, le déficit commercial américain soit encore plus important avec d'autres pays, surtout en Europe et en Asie.

L'ONTARIO PLUS VULNÉRABLE

L'économie ontarienne est celle qui risque le plus de souffrir de la fin de l'ALENA, en raison de son intégration étroite avec l'économie américaine, notamment dans le secteur de l'automobile, qui sera affecté par la rupture des liens commerciaux privilégiés avec les États-Unis.

Part des exportations qui vont aux États-Unis : 82,3 %

Poids de ces exportations dans le PIB : 26,0 %

LE QUÉBEC, UN PEU MOINS

L'économie québécoise est aussi fortement dépendante du marché américain que celle de l'Ontario, mais elle pourrait se tirer un peu mieux de la fin de l'ALENA parce qu'elle exporte aussi ailleurs, comme en Europe. Le Québec souffrira quand même parce le secteur du matériel de transport et celui de l'aéronautique, qui pèsent lourd dans l'économie, sont parmi les plus vulnérables.

Part des exportations qui vont aux États-Unis : 71,0 %

Poids de ces exportations dans le PIB : 14,5 %

BEAUCOUP, MOINS OU UN PEU

Certaines activités seront plus affectées que d'autres. Voici un aperçu.

Les plus vulnérables

Boissons et tabac, produits chimiques, ordinateurs et composants électroniques

Moins vulnérables

Agriculture, produits métalliques, meubles, métal primaire

Peu vulnérables

Mines, production de pétrole et de gaz, papier, services

PHOTO CHRIS YOUNG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

L'économie ontarienne est celle qui risque le plus de souffrir de la fin de l'ALENA, en raison de son intégration étroite avec l'économie américaine, notamment dans le secteur de l'automobile.