La Banque du Canada ne croit pas que la population continuera à anticiper une faiblesse de l'inflation parce qu'elle se situe toujours en deçà de sa cible de 2%, a affirmé mardi son gouverneur, Stephen Poloz.

«En tant que banquier central, vous êtes toujours préoccupé par (...) le risque que les attentes gravitent autour du contexte plutôt que de la cible elle-même», a-t-il dit aux journalistes après avoir prononcé un discours devant un parterre de gens d'affaires.

La fourchette cible de la Banque du Canada varie entre un et 3%. M. Poloz a dit ne pas s'inquiéter outre mesure que l'inflation puisse varier dans la moitié inférieure ou supérieure de cette cible. Ces tendances ont été observées dans d'autres économies, a-t-il ajouté.

Dans son discours prononcé à l'invitation de CFA Montréal et du Conseil des relations internationales de Montréal, M. Poloz a affirmé que des facteurs fondamentaux ainsi que des facteurs à court terme connus pouvaient influencer les prix et les perceptions selon lesquelles il était difficile de cibler efficacement l'inflation.

«Cette idée dénote en partie une mauvaise compréhension de l'exactitude avec laquelle les économistes peuvent prédire l'inflation, et de la précision avec laquelle les banques centrales peuvent la maîtriser», a dit le gouverneur de la banque centrale.

Au Canada, l'inflation a ralenti au cours de la première moitié de l'année elle est demeurée dans la moitié inférieure de la cible en dépit d'une accélération de la croissance économique.

Toutefois, M. Poloz a identifié certains facteurs ayant contribué à cette faiblesse, comme l'augmentation plus lente du prix des aliments ainsi que l'incidence des rabais consentis par le gouvernement ontarien sur les tarifs d'électricité.

Il a ajouté que la numérisation de l'économie pouvait également avoir un effet modérateur sur l'inflation.

«Avec le temps, à la lumière des nouvelles données, nous serons peut-être plus en mesure de dégager ces effets et de les quantifier statistiquement», a affirmé M. Poloz.

En ajustant son taux directeur, la Banque du Canada souhaite que l'inflation soit de 2%. Son gouverneur a expliqué qu'il faut de 18 à 24 mois avant que l'on puisse observer les effets d'un resserrement monétaire sur la hausse des prix.

En optant pour le statu quo le mois dernier, la banque centrale avait estimé qu'un degré moindre de détente monétaire serait nécessaire au fil du temps, ajoutant qu'elle opterait pour la prudence avant de procéder à de nouvelles hausses.

«Beaucoup de choses doivent rentrer dans l'ordre avant que nous puissions être certains que l'économie est bel et bien arrivée à bon port», a indiqué M. Poloz.

Bien qu'une hausse des salaires puisse se traduire par une hausse des pressions inflationnistes, l'amélioration du marché de l'emploi ne s'est pas traduite par une croissance marquée de la rémunération. Le taux d'activité des jeunes semble encore bas, et bien des gens travaillent toujours à temps partiel.

M. Poloz a également affirmé que la menace des États-Unis de déchirer l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) constituait un élément d'incertitude pouvant affecter les décisions des entreprises relativement à l'investissement.

Les intentions d'investir sont en hausse, a-t-il indiqué, ajoutant qu'elles seraient plus élevées sans l'incertitude entourant l'ALÉNA.