L'inflation canadienne a grimpé le mois dernier, mais des économistes ont estimé vendredi qu'il était peu probable que cette accélération puisse convaincre la Banque du Canada de hausser son taux d'intérêt directeur la semaine prochaine.

La hausse des prix de l'essence a permis à l'inflation d'atteindre 1,6 % en septembre, alors qu'elle était de 1,4 % le mois précédent, a indiqué vendredi Statistique Canada. Elle continuait ainsi à s'éloigner du creux de deux ans de 1,0 % qu'elle avait atteint en juin.

Mais pour plusieurs experts, la lecture de l'inflation dévoilée vendredi restait assez faible pour encourager la banque centrale du pays à ne pas modifier son taux directeur lors de sa prochaine décision sur sa politique monétaire, prévue pour mercredi.

La Banque du Canada porte une attention particulière à l'indice des prix à la consommation avant de prendre ses décisions sur les taux d'intérêt.

Une seule des mesures étudiées par la banque centrale pour l'inflation de base, qui tente de faire abstraction des produits dont les prix sont plus volatils, a grimpé en septembre, tandis que les deux autres sont restées stables. Ces trois lectures se trouvent en deçà de la cible de 2,0 % privilégiée par la banque.

Dans l'ensemble, en excluant les prix de l'essence, l'inflation ne s'est établie qu'à 1,1 % le mois dernier.

Nick Exarhos, économiste principal pour Marchés mondiaux CIBC, prédit que les perspectives de l'inflation pourraient rester «anémique» pendant un certain temps.

«(Cela) permet en fait de croire que la Banque du Canada adoptera une approche plus graduelle avec les taux d'intérêt, dans l'avenir», a estimé M. Exarhos.

La Banque centrale a déjà haussé son taux directeur à deux reprises cette année, en juillet et en septembre, pour le faire passer à 1,0 %. Il se trouvait précédemment à 0,5 %, ce qui constituait un creux historique.

Josh Nye, un économiste du service d'études économiques de la Banque Royale, croit lui aussi que la Banque du Canada ne va pas toucher à son taux directeur la semaine prochaine. Il ne mise pas sur une nouvelle hausse avant le mois de décembre.

«Compte tenu de leur approche particulièrement axée sur les données, nous croyons que cela permet à la banque d'être un peu plus patiente dans son assouplissement, après ses hausses consécutives de juillet et de septembre», a écrit M. Nye dans une note à ses clients.

Statistique Canada a aussi indiqué vendredi que les ventes des détaillants s'étaient contractées de 0,3 % en août, après avoir progressé de 0,4 % en juillet. Il s'agissait du mois le plus faible à ce chapitre depuis février. Les volumes des ventes au détail ont reculé de 0,7 % en août.

En excluant les ventes des stations-service et des concessionnaires automobiles, les ventes au détail ont diminué de 1,3 % en août. Elles affichaient un recul de 2,5 % dans les magasins d'alimentation et de 2,4 % dans les magasins de meubles et d'accessoires de maison.

Les données sur les ventes au détail permettent de croire que l'économie commencer à montrer des signes de ralentissement, comme la plupart des analystes le prévoyaient, après avoir roulé à vive allure au premier semestre.

Jimmy Jean, un économiste principal du Mouvement Desjardins, a qualifié le rapport sur les ventes au détail de «grande déception». Il ne s'attend pas, lui non plus, à une hausse du taux directeur la semaine prochaine.

«Cela dit, la trajectoire plus large de l'économie canadienne reste constructive», a écrit M. Jean dans une note à ses clients.

Le rapport sur l'inflation a souligné que l'essence, les voyages organisés et le transport aérien avaient été les plus grands contributeurs à la hausse de l'indice des prix. La pression à la baisse a été menée par le recul des prix de l'électricité, des vêtements pour femmes et des meubles.

L'agence fédérale a aussi précisé que les prix à la consommation avaient progressé dans sept des dix provinces en septembre.