Le gouvernement fédéral ne reculera pas sur sa réforme fiscale, mais il est ouvert à y apporter des améliorations, a indiqué le ministre des Finances, Bill Morneau, jeudi.

«Nous sommes à l'écoute et nous allons faire les choses correctement», a-t-il affirmé lors d'une mêlée de presse.

Il défendait un peu plus tôt sa réforme devant le comité parlementaire des finances, ce qui a donné lieu à quelques échanges musclés avec le député conservateur Pierre Poilievre.

«Ce qui est clair, c'est que les gens qui n'aiment pas ce que nous faisons tentent de semer la confusion», a-t-il dit après sa sortie du comité.

La réforme fiscale dévoilée en juillet soulève la controverse. Le ministre Morneau veut empêcher la création de sociétés privées dans le strict but d'économiser de l'impôt.

Cette pratique de plus en plus répandue permet aux entrepreneurs et à certains professionnels de fractionner leur revenu entre les membres de leur famille même si ceux-ci ne travaillent pas pour eux.

Les conservateurs accusent le gouvernement de cibler injustement les propriétaires de petites et moyennes entreprises, les agriculteurs et les médecins.

«Ou bien le ministre ne comprend pas ses propres propositions ou bien il devrait constater que la raison pour laquelle les gens ont peur, c'est parce que les propositions sont épouvantables et nuiraient aux gens», a dit M. Poilievre, porte-parole conservateur en matière de finances.

Le comité a entendu en avant-midi le témoignage d'un agriculteur qui craint que les modifications suggérées dans la réforme fiscale nuisent au transfert de sa ferme à ses enfants.

Bill Morneau a répété que le gouvernement veut plutôt créer un système d'imposition plus juste pour la classe moyenne en mettant fin à des avantages fiscaux qui bénéficient à un petit groupe de gens fortunés.

«La famille pourra toujours contribuer à la ferme, elle pourra toujours la transférer à la prochaine génération et elle pourra toujours conserver de l'argent pour les moins bonnes années», a-t-il expliqué aux journalistes.

Il a également indiqué que le gouvernement voulait un système d'imposition qui encourage les gens à investir dans leur entreprise.

Les réponses de M. Morneau en comité n'ont pas satisfait le porte-parole néo-démocrate en matière de finances, Alexandre Boulerice.

«Il ne nous a rien dit pour permettre de rassurer les gens sur ce qui va arriver. Est-ce que les mesures vont être rétroactives ou pas? C'est le flou qui continue et on le déplore. Il y a beaucoup, beaucoup de gens qui sont anxieux sur le terrain», a-t-il dit.

Les conservateurs ont continué de talonner le gouvernement sur sa réforme fiscale pour une neuvième journée consécutive lors de la période des questions, jeudi.

La consultation lancée par le gouvernement se termine le 2 octobre. Le ministre Morneau n'a pas voulu révéler quelle serait la nature des changements qui pourraient être apportés à sa réforme. Celle-ci sera également sous la loupe d'un comité du Sénat la semaine prochaine.