Les États-Unis devraient joindre leur voix à celle du Canada pour des normes du travail plus strictes au Mexique dans une nouvelle mouture de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), affirme un législateur démocrate, disant qu'une entente qui n'en tiendrait pas compte aurait la vie dure au Congrès.

En entrevue mardi depuis Washington, le représentant démocrate du Michigan Sander Levin a dit croire que le point de vue canadien était «très clair», disant espérer que celui des États-Unis sera «exactement le même».

Le Canada souhaite profiter de la renégociation de l'ALÉNA pour y inclure des normes du travail plus progressistes, dont le respect serait obligatoire, dans le but de contraindre le Mexique à hausser ses salaires et à faire disparaître ces syndicats «bidon» qui défendent davantage les patrons que les employés.

Le représentant a laissé entendre que cet enjeu est clé pour obtenir le soutien des démocrates au Congrès.

«En fait, si nous n'avons pas quelque chose du genre - qui s'attaque à cette question d'une politique industrielle sur le dos des travailleurs -, je ne crois pas qu'il y aurait beaucoup de démocrates qui voteraient pour un ALÉNA renégocié, peu importe ce qui s'y trouve d'autres», a affirmé M. Levin, qui siège au comité des voies et moyens.

«C'est l'une des clés. C'est absolument essentiel», a-t-il ajouté.

L'une des principales inquiétudes tant du Canada que des États-Unis est l'exode d'emplois de qualité et d'investissements vers le Mexique, particulièrement dans le secteur automobile.

Le chapitre sur la main-d'oeuvre que le Canada a mis sur la table ne suggère pas l'établissement d'un salaire minimum spécifique, mais aborde les principes d'amélioration des conditions de travail, d'indemnisation juste, d'équité salariale et du droit à la négociation collective.

Le texte proposé par les États-Unis, selon des leaders de groupes représentant les travailleurs, est calqué sur le Partenariat TransPacifique, un accord commercial entre 12 pays - dont le Canada et le Mexique - ayant échoué après le retrait du président Donald Trump.

Après avoir dénoncé la faiblesse des articles sur la main-d'oeuvre dans cette entente, les syndicats ne veulent pas que les États-Unis répètent le même scénario.

Celeste Drake, spécialiste des politiques commerciales à la Fédération américaine du travail et Congrès des organisations industrielles (AFL-CIO), a affirmé que les leaders syndicaux pressent désormais les États-Unis à appuyer les idées du Canada.

«Il ne s'agit pas de dire que le Canada a raison et que les États-Unis ont tort. Ce que le Canada met sur la table semble plus près de s'attaquer aux problèmes du monde réel», a dit Celeste Drake.