Des progrès tangibles ont été réalisés dans les négociations en vue de reconduire l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), mais il est encore trop tôt pour dire si une entente pourra être conclue avant la fin de l'année, l'échéance fixée par les États-Unis, a souligné le négociateur en chef du Canada, Steve Verheul, dimanche.

«Les négociations se font à vive allure, chaque tour de négociation étant rapproché l'un de l'autre, ce qui est assez inhabituel. On n'a guère le temps de travailler entre les négociations comme on peut le faire normalement», a-t-il dit au terme du deuxième jour de l'actuelle ronde qui se déroule à Ottawa.

M. Verheul a reconnu que les États-Unis, le partenaire qui a réclamé de nouvelles négociations pour le renouvellement du pacte commercial continental, n'ont pas encore déposé de propositions précises sur l'ensemble des sujets en litige.

Les Américains disent vouloir l'éliminer l'actuel mécanisme indépendant du règlement des différends, un élément de l'ALENA jugé essentiel par le Canada. Le sujet doit être abordé mercredi.

Ils veulent aussi éliminer le système de l'offre et de la demande régissant la production de produits laitiers, d'oeufs et de volaille au Canada et augmenter la part des pièces américaines dans les véhicules libres de droits.

M. Verheul dit ne pas s'attendre à obtenir des précisions des États-Unis sur leurs objectifs au cours des négociations qui se poursuivront jusqu'à mercredi.

Jusqu'à présent, le négociateur canadien dit que les délégations ont discuté de 28 sujets différents à 28 tables. «Les Américains y ont présenté des propositions à la majorité d'entre elles», a-t-il souligné. Il espère que quelques chapitres de la future entente seront réglés au cours des prochains jours.

«Les États-Unis ont mis de l'avant plusieurs propositions (...). Nous avons beaucoup de travail devant nous, même si d'autres propositions devront être présentées.», a-t-il dit.

Syndicats satisfaits

Des syndicats ont félicité le gouvernement canadien pour avoir proposé que le Mexique et les États-Unis s'engagent à améliorer les normes du travail dans la prochaine version de l'ALENA.

Selon le directeur des affaires publiques de Teamsters Canada, Christopher Monette, on n'aide pas la cause des travailleurs si on concentre exclusivement son attention sur le Mexique, où les bas salaires ont favorisé un exode des emplois canadiens et américains vers ce pays.

M. Monette a rappelé que plusieurs emplois canadiens avaient été perdus au profit des États-Unis, particulièrement dans les États où la loi permet aux travailleurs de refuser de se joindre à un syndicat ou même de payer des frais de cotisation même s'il profite d'une convention collective négociée.

Le Canada réclame le retrait de telles lois, en vigueur dans 28 États américains. Selon les chefs syndicaux, elles ne visent qu'à éliminer les syndicats en les privant de revenus.

Le président d'Unifor, Jerry Dias, qui collabore étroitement avec les négociateurs canadiens, soutient que le gouvernement défend «très, très vigoureusement» sa proposition pour améliorer les normes du travail chez ses deux partenaires de l'ALENA.

M. Dias a ajouté que les Américains n'avaient encore démontré aucun intérêt en ce sens ou même de fournir une liste de demandes, ce qui l'amène à croire que le président Donald Trump n'a aucune l'intention de conclure une entente d'ici la fin de l'année.