Le premier ministre Justin Trudeau a tenté de minimiser les craintes et les critiques des politiciens qui redoutent que le gouvernement libéral ait mis à risque la sécurité intérieure et étrangère en approuvant la vente d'une entreprise canadienne de communication satellite à un géant chinois des télécommunications.

Hytera Communications prendra le contrôle de l'entreprise de Vancouver, Norsat International (TSX:NII), qui fabrique des émetteurs-récepteurs et des systèmes radio utilisés par l'armée américaine et les partenaires de l'OTAN du Canada.

La firme chinoise avait fait une première soumission en 2016, ce qui avait déclenché une évaluation du gouvernement fédéral comme l'exige la loi pour s'assurer que les intérêts canadiens ne seraient pas affectés par la vente.

C'est seulement plus tôt ce mois-ci que les résultats de cet examen ont été rendus publics alors que l'entreprise avait été informée qu'une autre enquête formelle de sécurité ne serait pas nécessaire.

M. Trudeau a affirmé que l'examen initial de l'acquisition, mis en place en vertu de la Loi sur Investissement Canada, n'a trouvé «aucune préoccupation importante liée à la sécurité nationale» et n'a donc pas nécessité d'autres évaluations.

Les agences en matière de sécurité nationale impliquées dans l'examen ont recommandé que la vente soit approuvée, selon le premier ministre.

«L'examen qu'elles ont fait était adéquat pour leur assurer qu'il n'y avait aucun risque pour la sécurité nationale. Donc, leur recommandation au ministre a été de lui permettre de procéder. Alors, nous l'avons fait», a expliqué M. Trudeau en conférence de presse.

Il a insisté pour dire que son gouvernement n'approuverait aucune acquisition étrangère qui soulèverait même un soupçon d'inquiétude sur la sécurité nationale.

«Nous n'irions pas de l'avant en approuvant des investissements selon la Loi sur Investissement Canada, si nous n'étions pas certains qu'il n'y a aucun risque à la sécurité nationale, point», a-t-il soutenu.

«Ça n'a pas d'importance, de quel pays ça vient, de quelle entente il s'agit. S'il y a un risque pour la sécurité nationale, nous n'irons pas de l'avant», a-t-il tranché.

Cette acquisition a provoqué un débat sur les risques pour la sécurité nationale et l'ouverture du gouvernement à approuver la vente d'une entreprise canadienne à un géant chinois.

Elle survient également alors que le Canada et la Chine mènent des pourparlers exploratoires sur le libre-échange; le gouvernement canadien s'intéresse au marché chinois alors que son voisin du sud adopte une approche protectionniste.

Les députés de l'opposition à Ottawa ont fait part de leurs inquiétudes sur la vente de Norsat et certains représentants américains ont exprimé de la réticence à l'idée qu'une firme chinoise ait accès à des informations délicates.

Le quotidien The Globe and Mail a rapporté lundi que le département américain de la Défense révisait toutes ses ententes d'affaires avec Norsat dans la foulée de cette vente.

Norsat conçoit du matériel de communication satellite pour la défense et la sécurité nationale. L'entreprise a plusieurs clients à l'échelle internationale et au Canada, dont la Garde côtière canadienne.

M. Trudeau a indiqué que les autorités canadiennes avaient consulté leurs homologues américains dans le cadre de leur enquête. La semaine dernière, les détenteurs de titres de Norsat ont voté massivement en faveur de la vente.

L'acquisition doit encore être approuvée par la Cour suprême de la Colombie-Britannique et par d'autres organismes réglementaires.