Quoi qu'en dise le président américain Donald Trump, c'est une modernisation - et non une renégociation - de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) qui s'apprête à débuter à la mi-août, estiment les représentants du Québec à New York et Mexico.

Invités dans le cadre d'une discussion organisée mardi à la Conférence de Montréal, le délégué général du Québec à New York, Jean-Claude Lauzon, ainsi que son collègue au Mexique, Éric Mercier, ont voulu se montrer rassurants à l'égard de ce dossier qui préoccupe de nombreux gens d'affaires au pays.

«Dans l'agenda républicain, de la Maison-Blanche et du Congrès, c'est la troisième priorité (derrière) la réforme fiscale et (...) la réforme de la santé», a expliqué M. Lauzon, devant un parterre de gens d'affaires.

En plus de MM. Lauzon et Mercier, des représentants de la province à Bruxelles, Londres, Tokyo ainsi qu'en Chine, étaient venus brosser un portrait de la situation commerciale dans chacune de ces juridictions. La relation commerciale canado-américaine a toutefois été abordée à plus d'une reprise.

Le délégué général du Québec à New York a expliqué que la renégociation de l'ALÉNA revenait à déchirer l'entente pour recommencer et que ce n'était pas ce que l'administration Trump souhaitait faire avec le Canada et le Mexique.

Selon lui, les discussions visent plutôt à encadrer des dossiers qui n'existaient pas - comme le commerce en ligne - lorsque l'ALÉNA est entré en vigueur en 1994.

«Comment traite-t-on Google, Microsoft et Uber?», a demandé M. Lauzon. Ces questions n'existaient pas lorsque l'accord a été signé.

M. Mercier a abondé dans le même sens, affirmant que le gouvernement mexicain voulait une mise à jour tripartite, et non par l'entremise de négociations bilatérales.

Il a également suggéré que les trois parties devront procéder rapidement pour amender l'accord commercial.

«Nous avons à peu près jusqu'au mois de décembre parce que le Mexique est (en campagne) au niveau présidentiel en 2018, a dit M. Mercier. Cela nous laisse peu de temps pour apporter des amendements.»

En 2015, selon le ministère de l'Économie, le Québec a exporté pour 59,4 milliards $ de marchandises aux États-Unis, ce qui représente plus de 72 pour cent de ses exportations internationales.

Pour cette raison, M. Lauzon comprend pourquoi l'avenir de l'ALÉNA inquiète de nombreuses entreprises et associations patronales.

Questionné en marge de l'événement, le délégué général du Québec à New York a estimé qu'un scénario dans lequel une taxe serait imposée à la frontière canado-américaine a peu de chance de se concrétiser.

«D'après notre lecture, cela ne passera pas au Sénat, a-t-il dit, au cours d'un entretien. Il faut aller (plus loin) que les grands slogans que l'on entend et les 140 caractères (sur Twitter).»

M. Lauzon a rappelé qu'environ 9 millions d'emplois chez nos voisins du sud dépendent de la relation commerciale avec le Canada. Selon lui, M. Trump n'a pas l'intention de les faire disparaître.

Le Royaume-Uni continue d'intéresser

Par ailleurs, malgré les turbulences découlant des récents attentats terroristes, du Brexit et de l'incertitude entourant l'avenir de la première ministre Theresa May, le Royaume-Uni suscite toujours de l'intérêt auprès de la communauté d'affaires, croit le délégué général du Québec à Londres, Christos Sirros.

«Notre tâche est peut-être un peu plus compliquée étant donné que les décideurs sont actuellement préoccupés par plusieurs dossiers», a-t-il expliqué, au cours d'un entretien, en marge de l'atelier.

Même si le Royaume-Uni a voté pour une sortie de l'Union européenne (UE), M. Sirros a rappelé qu'il s'agissait d'un marché d'environ 60 millions de personnes qui n'est pas prêt de disparaître.

Le délégué général du Québec à Londres a expliqué que l'Accord économique commercial et global (AECG) conclu avec l'UE allait être en vigueur jusqu'en 2019.

«Advenant que le Royaume-Uni quitte complètement l'Union européenne (...), il pourrait se tourner vers d'autres pays comme le Canada pour négocier d'autres accords de libre-échange, a expliqué M. Sirros. Dans ce cas, l'AECG pourrait servir de modèle.»