Le ministre des Finances Bill Morneau déposera demain son deuxième budget à la Chambre des communes. Même si l'économie montre des signes encourageants depuis quelques semaines, elle n'a pas encore atteint la vitesse de croisière souhaitée par les libéraux de Justin Trudeau. Résultat : les coffres d'Ottawa demeurent dégarnis. Voici un survol de cinq choses à suivre lors du dépôt du budget.

LA TAILLE DU DÉFICIT

Dans sa mise à jour économique et financière de novembre dernier, le ministre des Finances Bill Morneau prévoyait un déficit frisant les 27 milliards de dollars durant l'exercice financier 2017-2018 qui prend fin le 31 mars et un manque à gagner de 23,5 milliards en 2018-2019. Il ne prévoyait pas de retour à l'équilibre budgétaire dans un horizon de cinq ans. Mais selon le directeur parlementaire du budget, le déficit pourrait être de 20,5 milliards cette année, non pas en raison de la gestion serrée des dépenses, mais bien parce qu'Ottawa a tardé à aller de l'avant avec les investissements prévus dans les infrastructures.

LES NOUVELLES DÉPENSES

Même si les revenus ne sont pas au rendez-vous, notamment à cause des prix bas des matières premières (le pétrole en particulier), le ministre Bill Morneau devrait annoncer des investissements pour stimuler l'innovation, d'une part, et enrichir les programmes de formation de la main-d'oeuvre, d'autre part. À combien s'élèveront ces nouveaux investissements ? On aura la réponse demain. Mais dans son premier budget, le ministre Morneau avait prévu des investissements de quelque 800 millions de dollars en quatre ans pour encourager l'innovation et la création de grappes industrielles. Tout indique que le gouvernement Trudeau s'apprête à allonger d'autres sommes à cette fin.

LES IMPÔTS DES CONTRIBUABLES ET DES ENTREPRISES

Dès son premier budget, le ministre Bill Morneau a réduit le fardeau fiscal des contribuables de la classe moyenne tout en augmentant celui des mieux nantis. Toutefois, il n'a pas donné suite à la promesse des libéraux de réduire le taux d'imposition des petites et moyennes entreprises. Compte tenu de la taille du déficit, les PME pourraient devoir patienter encore. Selon des informations qui ont circulé à Ottawa, le ministre Morneau pourrait être tenté d'augmenter la taxe sur le gain en capital dans son budget afin de hausser ses revenus et de mettre fin à des crédits d'impôt qui, selon les libéraux, profitent davantage aux riches qu'aux contribuables de la classe moyenne.

LA BANQUE DE L'INFRASTRUCTURE

Le gouvernement Trudeau entend créer une Banque de l'infrastructure pour convaincre les investisseurs institutionnels, comme la Caisse de dépôt et placement du Québec ou le fonds Teachers' en Ontario (le régime de retraite des enseignants et enseignantes de l'Ontario), de participer financièrement aux grands projets d'infrastructures au pays qui sont très coûteux. Le ministre Bill Morneau devrait donner un peu plus de détails sur la structure de cette nouvelle organisation qui devrait être en mesure de fonctionner d'ici la fin de l'année. Cette nouvelle Banque de l'infrastructure est vertement critiquée par les partis de l'opposition à Ottawa. On devrait aussi savoir si le gouvernement Trudeau entend ou non privatiser les aéroports canadiens pour capitaliser la Banque de l'infrastructure.

LES TRANSFERTS AUX PROVINCES

Le gouvernement Trudeau a réussi à régler un épineux dossier pour la prochaine décennie en concluant une entente sur le financement des soins de santé avec la presque totalité des provinces au cours des dernières semaines. Il n'y a plus que le Manitoba qui n'a pas signé d'entente. Dans ce dossier, le gouvernement Trudeau a maintenu la ligne dure tout au long des négociations, refusant net de bonifier la hausse annuelle de 3 % des transferts aux provinces pour la santé (à cette somme, il faut toutefois ajouter des investissements de 11,25 milliards de dollars sur 10 ans pour les soins à domicile et la santé mentale). Pour Ottawa, la santé représente une part importante des transferts aux provinces.