Le niveau de la dette des ménages canadiens par rapport à leur revenu a atteint un sommet record au troisième trimestre, alors que l'emprunt a progressé plus rapidement que les revenus.

Le ratio de la dette des ménages par rapport au revenu disponible ajusté s'est hissé à 166,9 % au troisième trimestre, en hausse par rapport à son niveau de 166,4 % au deuxième trimestre, a indiqué mercredi Statistique Canada.

Cela signifie que les Canadiens doivent, en moyenne, 1,67 $ en dette sur le marché du crédit - qui comprend le crédit à la consommation, les prêts hypothécaires et les prêts non hypothécaires - pour chaque dollar de revenu dont ils disposent.

Benjamin Reitzes, un économiste principal chez BMO Marchés des capitaux, a estimé qu'une croissance d'un demi-point de pourcentage de ce ratio était largement inférieure aux normales saisonnières. Il s'agirait en fait de la plus petite augmentation pour un troisième trimestre depuis 2000, a-t-il souligné.

«Même avec une augmentation plus modeste, la tendance à la hausse de l'endettement des ménages (...) est toujours aussi intense», a écrit M. Reitzes dans un rapport.

«Cependant, nous pourrions commencer à voir ce ratio plafonner un peu en 2017, parce que le marché de l'habitation de Vancouver s'est refroidi de façon importante depuis (l'entrée en vigueur) d'une taxe pour les acheteurs étrangers, et les nouvelles règles sur les prêts hypothécaires devraient atténuer modestement l'activité en 2017.»

Selon Statistique Canada, le revenu disponible ajusté a progressé de 1,0 % au troisième trimestre, pendant que la dette des ménages sur le marché du crédit avançait de 1,3 %.

La dette totale des ménages totalisait 2004 milliards de dollars à la fin du troisième trimestre. Les dettes hypothécaires représentaient 65,5 % du total du troisième trimestre, une proportion en hausse par rapport à celle de 65,1 % observée au deuxième trimestre, a précisé l'agence fédérale.

Le ratio du service de la dette des ménages - les obligations de paiement exprimées en proportion du revenu disponible - a reculé à 14,0 % au troisième trimestre, alors qu'il était de 14,1 % au deuxième trimestre.

Malgré l'augmentation de la dette, la valeur nette des ménages a grimpé de 2,5 % au troisième trimestre, pour atteindre 10 133 milliards de dollars.

Cette augmentation était attribuable à une croissance de 3,2 % des actifs financiers. La valeur des parts de fonds de placement - en particulier les unités de fonds communs de placement, et les actifs d'assurance-vie et de pension - a notamment grimpé.

Les actifs non financiers, essentiellement ceux du marché immobilier, ont progressé de 1,2 %.

L'économiste Laura Cooper, de la Banque Royale, a noté que le taux d'épargne des ménages avait grimpé à 5,8 % au plus récent trimestre, un gain d'un plein point de pourcentage par rapport au deuxième trimestre. Il s'agit en outre de son niveau le plus élevé depuis le premier trimestre de 2001.

«Cela dit, la nouvelle détérioration des données souvent évoquées au sujet de la dette va raffermir l'affirmation de la Banque du Canada voulant que le niveau élevé de l'endettement reste une vulnérabilité clé de la stabilité du système financier», a écrit Mme Cooper.

«Cela devrait être souligné dans la publication de la Revue du système financier semestrielle de la banque, (jeudi).»

L'endettement des ménages a été identifié à plusieurs reprises comme un risque clé pour l'économie canadienne ces dernières années.

Le gouvernement fédéral est intervenu à plusieurs reprises pour tenter de limiter le risque dans les prêts hypothécaires.

Ottawa a annoncé en octobre des changements aux règles pour resserrer l'admissibilité aux prêts hypothécaires pour les éventuels emprunteurs.