Avant de hausser les cotisations aux régimes de pension publics, les gouvernements devraient consulter la population, qui n'en comprend pas vraiment les enjeux, croit la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.

L'organisation, qui représente des milliers de petites et moyennes entreprises au Québec et au Canada, a commandé à la firme Ipsos un sondage auprès de 2000 employés et retraités au pays.

Les ministres des Finances des provinces et du fédéral se sont entendus, à la fin de juin - à l'exception du Québec - sur une hausse des cotisations au régime qui entrera en vigueur à compter de 2019, et ce, jusqu'en 2023, de façon à assurer une meilleure sécurité financière aux Canadiens.

Dans le sondage, lorsqu'on a interrogé les Canadiens à savoir si l'augmentation des cotisations au Régime de pensions du Canada ou à la Régie des rentes du Québec permettrait aux retraités actuels de «toucher plus de prestations», seuls 29 % ont donné la réponse correcte.

Près de la moitié, soit 45 %, disaient ne pas savoir, alors que 26 % ont donné une réponse incorrecte.

De même, quand on a demandé aux employés québécois seulement si leur revenu actuel leur permettrait de cotiser davantage au RRQ, 36 % ont dit croire que oui et 51 % ont dit croire que non. Les autres ne le savaient pas.

À la lumière de ce sondage, Martine Hébert, vice-présidente principale à la FCEI, réclame que les gouvernements mettent la réforme sur la glace, le temps de consulter les Canadiens à ce sujet.

«La Colombie-Britannique est en train de mener une consultation auprès de sa population. Le gouvernement du Québec s'est engagé à consulter la population sur les bonifications possibles. On souhaite que les autres provinces canadiennes s'engagent dans une démarche de consultation avant d'aller de l'avant avec l'accord de principe qu'ils ont signé concernant la bonification du Régime de pension du Canada», a plaidé Mme Hébert au cours d'une entrevue.

Le Québec s'est exclu du Régime de pension du Canada dans les années 1960 pour créer son propre Régime des rentes. Néanmoins, le ministre des Finances du Québec, Carlos Leitao, avait participé aux discussions en juin et s'était dit favorable à une amélioration du RPC et du RRQ. Mais il avait dit tenir à une amélioration «ciblée, modeste et graduelle». Il avait dit préférer une solution un peu différente pour le Québec.

Mme Hébert espère que cette consultation sera réelle et complète. Elle avance même que si les Canadiens étaient au courant des effets sur leur salaire de la réforme projetée, ils la désapprouveraient.

«Le sondage montre que si ça devait avoir un impact sur les salaires, les Canadiens diraient «on ne veut pas aller de l'avant'. Je crois que ce sont 70 % des répondants (employés) qui disent que si ça devait occasionner un gel des salaires pendant la période de transition, ils s'opposeraient à ce projet-là», a illustré Mme Hébert.

«Ce que les données de ce sondage-là démontrent, c'est que les citoyens ont davantage besoin d'information. Ils sont très peu informés sur la bonification et ce que ça va signifier pour eux, sur leur chèque de paie, demain matin, et à terme, lorsque la réforme serait pleinement implantée», a déploré Mme Hébert.

La marge d'erreur du sondage est de 2,5 points de pourcentage, 19 fois sur 20. Il a été réalisé en ligne auprès de 2003 Canadiens employés ou retraités.