Le gouvernement Trudeau fait appel à l'ex-ministre libéral Pierre Pettigrew dans sa campagne afin de faire ratifier l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Europe. Ottawa officialisera ce matin la nomination de M. Pettigrew comme envoyé du Canada dans ce dossier.

M. Pettigrew, qui a été ministre du Commerce international puis des Affaires étrangères dans les gouvernements Chrétien et Martin, est conseiller exécutif à l'international pour la firme Deloitte depuis son retrait de la vie politique en 2006. Il se dit « impatient d'aider à la conclusion » de l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne.

En cette « période critique » pour l'avenir de l'accord de libre-échange Canada-Europe, la ministre fédérale du Commerce international Chrystia Freeland se réjouit de pouvoir compter sur l'aide de M. Pettigrew. « M. Pettigrew va prendre le temps de rencontrer les membres de la communauté d'affaires canadienne et va promouvoir activement l'entente au Canada et à l'étranger. [...] Il a une compréhension profonde de l'Europe et des relations personnelles avec les leaders européens. Le fait qu'il soit un ancien ministre montre aux Européens que nous prenons l'accord de libre-échange au sérieux. [...] Nous travaillons très fort, mais il y a 28 pays [en Europe] et nous ne pouvons pas être dans les 28 pays en même temps », a dit la ministre Freeland en entrevue à La Presse.

La ministre Freeland, le secrétaire parlementaire David Lametti et les négociateurs canadiens iront également en Europe au cours des prochains mois pour promouvoir l'entente. En septembre, la ministre fera notamment un discours à la conférence annuelle du Parti social-démocrate allemand - leur appui est « absolument critique » à la ratification de l'entente en Europe, explique-t-elle - ainsi qu'à la réunion des ministres du Commerce de l'Union européenne.

CHINE ET BREXIT

Le premier ministre Justin Trudeau profitera aussi du sommet du G20 au début du mois de septembre en Chine pour tenter de convaincre ses homologues européens de ratifier l'entente. « Nous travaillons pour la signature [de l'entente] en octobre et la ratification au Parlement européen en janvier ou février », a dit la ministre Freeland. L'intention du gouvernement Trudeau est de ratifier l'entente au Canada par un vote du Parlement au même moment où le Parlement européen fera de même.

Ottawa ne croit pas que la situation politique au Royaume-Uni, qui a voté pour quitter l'Union européenne en juin, mais n'a pas enclenché pour l'instant les procédures de départ, nuira à la ratification de l'entente de libre-échange Canada-Europe. « Le [nouveau] ministre britannique du Commerce Liam Fox m'a dit [après le Brexit] que non seulement ils vont continuer d'appuyer l'entente, mais ils vont pousser très fort [pour sa ratification] », a indiqué Chrystia Freeland.

Comme il s'agit d'une « entente mixte » selon le droit européen, l'entente de libre-échange Canada-Europe doit être ratifiée par les autorités européennes (la Commission européenne et le Parlement européen) puis par les assemblées législatives de chacun des pays. Mais voilà : 90 % de l'entente doit être ratifié seulement par la Commission européenne et le Parlement européen - une procédure beaucoup plus simple - pour que cette partie de l'entente entre en vigueur de façon provisoire.

Le mandat de Pierre Pettigrew - qui sera bénévole (ses frais de déplacement seront toutefois remboursés) - l'amènera aussi à rencontrer les milieux d'affaires canadiens. C'est d'ailleurs la Chambre de commerce du Canada qui a suggéré à la ministre Freeland la nomination d'un envoyé pour l'entente de libre-échange Canada-Europe.