Les entreprises canadiennes s'attendent à observer une croissance marginale de leurs ventes dans les 12 prochains mois, notamment à cause des faibles prévisions des sociétés liées au secteur de l'énergie, révèle une nouvelle enquête de la Banque du Canada.

Selon le plus récent rapport de la banque centrale sur les perspectives des entreprises, dévoilé lundi, les sociétés le plus directement touchées par le choc des prix du pétrole ont affiché des indicateurs des ventes futures - comme les nouvelles commandes et les réservations - en très faible croissance par rapport à l'an dernier.

«La modération des attentes quant à la progression des ventes futures s'est surtout observée chez les entreprises des Prairies, qui entrevoient peu de signes de reprise après le choc des prix du pétrole», a indiqué la Banque du Canada dans son rapport trimestriel.

Mais dans les autres régions du pays, «le dynamisme modeste, mais stable, de l'activité canadienne» renforce les perspectives de ventes.

Les entreprises qui ne sont pas liées aux industries des matières premières ou celles des secteurs des services étaient plus optimistes au sujet de l'année à venir. La croissance de la demande des États-Unis et la faiblesse du dollar canadien restaient des éléments clés dans les prévisions de meilleures ventes, a découvert la banque centrale.

Mais l'enquête suggère aussi que dans l'ensemble, les entreprises s'attendent à augmenter leurs effectifs dans l'année à venir - même si les intentions d'embauches restent malgré tout en deçà de leurs niveaux d'après-récession et divergent considérablement selon les secteurs.

Les intentions de mises à pied étaient plus importantes chez les entreprises productrices de biens, tandis que celles qui offrent des services avaient plutôt l'intention d'embaucher du personnel pour répondre à la demande croissante, permettent de conclure les résultats de l'enquête.

«Les intentions d'embauche [...] restent modestes dans l'ensemble», a affirmé la banque dans son rapport.

Les entreprises se montraient aussi prudentes dans leurs intentions d'investissement. Plusieurs de celles qui sont davantage liées au secteur de l'énergie s'attendent à devoir supprimer d'autres emplois, a précisé la Banque du Canada. Cependant, les sociétés qui offrent des services étaient plus susceptibles d'investir et de prendre de l'expansion, a-t-elle poursuivi.

«Même s'il laisse encore présager un accroissement au cours des 12 mois à venir, le solde des opinions au sujet des investissements en machines et matériel demeure modéré», a précisé le rapport.

Aux yeux de l'économiste en chef de la Banque CIBC, Avery Shenfeld, les résultats du sondage permettent de croire que l'impact de la chute des prix du pétrole continuera à se faire sentir.

«Nous ne sommes pas encore sortis du bois», a écrit M. Shenfeld dans une note à ses clients. «Le choc de l'énergie a écorché le Canada ces 12 derniers mois, mais le plus récent sondage de la Banque du Canada laisse croire que le vent n'a toujours pas tourné en notre faveur.»

L'enquête de la Banque du Canada a été effectuée auprès d'environ 100 entreprises, entre le 9 mai et le 8 juin. Conséquemment, elle ne tient pas compte de tout changement potentiel qui pourrait être survenu dans les perspectives depuis que les Britanniques ont choisi, lors d'un référendum tenu le 23 juin, de quitter l'Union européenne.

Selon Krishen Rangasamy, un économiste principal à la Banque Nationale, les investissements et les embauches des entreprises pourraient s'avérer moins importants que l'enquête de lundi le laisse présager en raison du vote pour le «Brexit».

«Les intentions d'embauche et d'investissement restent faibles, ce qui n'augure pas bien pour la croissance économique dans la deuxième moitié de l'année», a observé M. Rangasamy dans une note de recherche.