Chantier Davie Canada réclame la tenue d'une enquête afin de faire la lumière sur les révélations selon lesquelles l'ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper a accordé une somme de 40 millions de dollars le jour des élections au chantier maritime Seaspan de Vancouver pour l'aider à moderniser ses installations.

Le grand patron de Chantier Davie Canada, Alex Vicefield, estime qu'une enquête est d'autant plus requise que cette somme doit permettre à Seaspan de mettre à niveau ses installations pour mieux être en mesure de construire les bateaux de la Garde côtière.

Seaspan est l'un des deux chantiers maritimes avec Irving Shipyard d'Halifax sélectionnés par le gouvernement fédéral dans le cadre de son vaste programme de modernisation de ses bateaux de 36 milliards de dollars. Chantier Davie Canada n'a pas été retenu au terme de cet l'appel d'offres.

Or, l'un des critères utilisés pour évaluer les chantiers maritimes du pays dans le cadre de l'appel d'offres lancé par Ottawa en 2011 était qu'ils devaient moderniser à leurs frais, si cela était nécessaire, leurs installations pour construire les bateaux.

Mais le réseau CBC a rapporté la semaine dernière que Seaspan a discrètement obtenu ce coup de pouce financier du gouvernement Harper, le jour où les électeurs se rendaient aux urnes, justement pour l'aider à moderniser ses installations.

«Si ce qui est rapporté est vrai et que le gouvernement a payé pour les coûts qui ne sont pas liés aux contrats qui ont été attribués au chantier maritime en question, cela évidemment remet en cause tout l'exercice qu'était la stratégie nationale d'approvisionnement en matière de construction navale », a déclaré M. Vicefield dans un courriel à La Presse.

Il a rappelé que les chantiers maritimes, durant l'appel d'offres, se sont vu accorder 20 % des points s'ils étaient en mesure de construire les navires sans obtenir l'aide du gouvernement pour moderniser leurs installations.

«Chantier Davie Canada a seulement perdu ces contrats par 11,7 %. Alors, si ce que l'on rapporte est vrai et que le gouvernement a bel et bien soutenu financièrement les chantiers, c'est un rebondissement très sérieux. Il ne fait aucun doute qu'il doit y avoir une enquête», a-t-il ajouté.

Dans un entretien à CBC, le président directeur général de Seaspan, Jonathan Whitworth, a soutenu que son entreprise n'a exercé aucune pression pour obtenir le contrat avant l'élection d'un nouveau gouvernement.

«Voilà une assez bonne théorie, mais ce n'est pas celle à laquelle j'adhère», a dit M. Withworth. Il a toutefois convenu que l'aide financière n'a pas été octroyée pour la construction d'un navire en particulier, mais plutôt pour « augmenter l'efficacité qui affectera tous les navires». Il a déclaré à CBC cette somme ne servira pas à financer les coûts des « infrastructures», mais «le design destiné à l'efficacité et la construction de navires».

Le contrat accordé à Seaspan frise les huit milliards de dollars et porte sur la  construction de quatre petits navires scientifiques, de deux grands navires de ravitaillement pour la Marine et d'un brise-glace polaire pour la Garde côtière.