L'économie canadienne croit moins vite prévu. Et les finances du gouvernement fédéral s'en ressentiront puisque le déficit fédéral atteindra au moins 18,4 milliards en 2016-17 - une hausse du déficit de 14,5 milliards par rapport aux dernières prévisions annoncées en novembre.

Ottawa a annoncé ce matin que les déficits budgétaires prévus augmenteront de 14,5 milliards et de 13,1 milliards au cours des deux prochaines années principalement en raison de l'état de l'économie canadienne, pour atteindre des déficits de 18,4 milliards en 2016-17 et de 15,5 milliards en 2017-18. Ces nouvelles prévisions de déficits augmenteront assurément avec les nouvelles mesures contenues dans le premier budget du gouvernement Trudeau, qui aura lieu le mardi 22 mars. « Je suis heureux de dire qu'il y a aura de bonnes surprises à annoncer le 22 mars », a dit ce matin le ministre fédéral des Finances Bill Morneau.

Malgré des prévisions de déficits fédéraux supérieures à 15 milliards par an pour les deux prochaines années, le gouvernement Trudeau compte aller de l'avant avec sa stratégie économique annoncée en campagne électorale: des mesures fiscales pour aider la classe moyenne et des investissements massifs dans les infrastructures (les libéraux promettaient de doubler ces investissements en campagne) afin de faire croître l'économie à long terme. 

Le ministre fédéral des Finances Bill Morneau est clair: même si le déficit est en hausse, il n'est pas question d'instaurer des politiques d'austérité à Ottawa. « Il est évident que les temps sont difficiles actuellement pour de nombreux Canadiens. Un gouvernement moins ambitieux pourrait croire que ces conditions justifient l'inaction, les compressions ou la prudence excessive. Toutefois, notre gouvernement croit fermement que le ralentissement économique rend notre plan de croissance économique encore plus pertinent aujourd'hui qu'il y a quelques mois [...] C'est le moment d'agir », a dit le ministre Morneau ce matin lors d'une consultation prébudgétaire devant des citoyens dans un centre communautaire à Ottawa. 

En novembre, quelques semaines après l'élection du gouvernement Trudeau, Ottawa avait révisé à la hausse ses prévisions de déficits budgétaires lors d'une mise à jour économique. Des surplus budgétaires de 2,7 milliards en 2016-17 et 3,6 milliards en 2017-18 (6,3 milliards sur deux ans) sont devenus des déficits de -3,9 milliards en 2016-17 et -2,4 milliards en 2017-18 (-6,3 milliards sur deux ans). Ce matin, Ottawa a annoncé que ces prévisions de déficits seront plutôt de -18,4 milliards en 2016-17 et -15,5 milliards en 2017-18 (-33,9 milliards sur deux ans). Il s'agit d'une hausse du déficit de 14,5 milliards pour 2016-17 et de 13,1 milliards pour 2017-18. De cette hausse de 14,5 milliards en 2016-17, 2,3 milliards sont attribuables à des mesures annoncées par le gouvernement Trudeau (dont 1,3 milliard pour les baisses d'impôt pour la classe moyenne annoncées en décembre) et 12,2 milliards sont attribuables à l'état de l'économie canadienne. 

Pour l'année fiscale en cours (2015-16), le déficit budgétaire prévu en novembre de 3,0 milliards a été réduit à un déficit de 2,3 milliards.

Le ministre Morneau a aussi annoncé la nomination de Dominic Barton, directeur général mondial de la firme de consultation McKinsey, à titre de président du nouveau conseil consultatif en matière de croissance économique. « Le gouvernement va l'avant en suivant une approche fondamentale nouvelle: un nouveau plan pour transformer l'économie au profit de tous les Canadiens. Il est temps de réaliser des investissements afin de renforcer la classe moyenne et de favoriser la croissance à long terme. À la base, cette stratégie portera sur les Canadiens de la classe moyenne », a indiqué le ministre Morneau. 

Les économistes du secteur privé - qui guident Ottawa dans ses prévisions budgétaires - s'attendent à une croissance de l'économie (PIB réel) de 1,4 % en 2016. Lors de la mise à jour économique du gouvernement Trudeau en novembre, la prévision était de 2,0 %. Pour l'année 2017, la prévision de croissance économique reste inchangée à 2,2 %. L'économie canadienne est notamment affectée par la chute du prix du pétrole. Les économistes s'attendent à un prix moyen de 40 $ US le baril en 2016, comparativement à 54 $ US en novembre dernier.