Plongé dans la morosité économique, il est temps pour le Canada de faire preuve d'ambition et de s'engager dans le virage du développement durable, croit la présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Monique Leroux.

Elle a profité de sa dernière allocution avant l'échéance de son deuxième et dernier mandat pour reprendre un discours qui semble de plus en plus avoir la cote dans le secteur financier et le milieu des affaires.

Alors que l'investissement privé stagne et que la confiance des entreprises n'est pas élevée, Mme Leroux a dit croire que le niveau d'ambition à l'égard du virage vert n'était pas tout à fait au rendez-vous.

« Nous devons mettre la barre un peu plus haute et se donner des objectifs », a-t-elle expliqué en marge de son allocution devant quelque 500 personnes réunies par le Cercle canadien de Montréal.

Néanmoins, cette sortie ne se voulait pas un désaveu à l'endroit des ressources naturelles et des hydrocarbures, principalement responsables du ralentissement économique au pays.

En dépit de la situation actuelle, celle qui dirige le plus grand groupe financier coopératif au pays a assuré que ce secteur demeurait « très important ».

« Je suis loin de le décrier, a assuré Mme Leroux. Mais je crois que notre niveau d'ambition de le développer dans une perspective d'économie propre doit être renforcé. »

Dans l'espoir d'accélérer ce virage, la coalition « IntelliPospérité », dont fait partie Mme Leroux en compagnie notamment d'intervenants du milieu des affaires, des Premières Nations ainsi que des syndicats, a récemment écrit au premier ministre Justin Trudeau pour l'interpeller à ce chapitre.

Pour le moment, ce regroupement a proposé cinq initiatives déjà connues, comme taxer la pollution ainsi que favoriser l'investissement dans les technologies propres.

Le Mouvement Desjardins a déjà commencé à faire sa part, a souligné Mme Leroux, puisque la coopérative souhaite décarboniser ses placements et réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20 % d'ici 2020.

Mise à jour technologique

Puisque le secteur financier n'échappe pas à la révolution numérique, ce qui accentue la concurrence, selon Mme Leroux, Desjardins compte investir 1 milliard de dollars, notamment afin de développer de nouveaux services financiers.

« La concurrence est en train d'exploser, a-t-elle affirmé, après avoir dressé un court bilan de ses deux mandats. Elle s'appelle Apple, Google ou Amazon. On estime qu'il y a plus de 2000 jeunes entreprises technologiques qui offrent des services financiers sur le marché. »

Cette concurrence, explique la présidente de Desjardins, s'invite ainsi sur le terrain de jeu qui était réservé aux institutions financières en offrant des solutions de paiement, des prêts aux particuliers et entreprises ainsi que des placements.

À la demande de ses employés, la coopérative de Lévis a ainsi accéléré le rythme de ses innovations numériques, ce qui a entre autres permis le lancement, en décembre dernier, d'une nouvelle application de paiement dans le milieu de la restauration.

En 2015, les institutions financières canadiennes ont investi quelque 12 milliards de dollars dans le secteur des technologies.

La croissance passera également par les acquisitions, croit Mme Leroux, qui s'attend à des transactions au Canada.

« Il y aura certainement une consolidation de secteurs, que ce soit en gestion de patrimoine ou dans les assurances », a-t-elle répondu, lorsque questionnée à savoir s'il serait plus difficile d'acheter aux États-Unis en raison de la baisse du dollar canadien.

Il y a deux ans, le Mouvement Desjardins s'était hissé au deuxième rang des assureurs de dommages au Canada en mettant la main sur les activités canadiennes de l'américaine State Farm.

Mme Leroux n'a pas voulu dire si d'autres acquisitions étaient imminentes, affirmant qu'il y aurait « des choses à regarder dans les cinq prochaines années ».

Elle s'est par ailleurs montrée avare de commentaires sur la course à sa succession, dont le coup d'envoi a été donné la semaine dernière avec le dévoilement des trois candidats.

Pour la première fois depuis 2000, un candidat externe, l'économiste et ex-chef bloquiste Daniel Paillé, a décidé de se tenter sa chance. Mme Leroux ne s'est pas avancée sur la possibilité qu'une personne externe puisse se faire élire aux commandes de Desjardins.