La légalisation du cannabis, promise par le nouveau premier ministre Justin Trudeau, pourrait générer à l'État des revenus compris entre 3 et 10 milliards de dollars chaque année, selon une étude de la Banque CIBC.

« Avec les budgets du pouvoir fédéral et des provinces confrontés à des problèmes de recette, il est utile d'explorer les conséquences fiscales pour le Canada » d'une légalisation de la marijuana, explique l'économiste Avery Shenfeld dans une note reçue vendredi.

La banque canadienne a abordé les seuls impacts économiques et fiscaux d'une légalisation.

« Déjà, des provinces comme l'Ontario, par exemple, envisagent avec impatience d'étendre leur monopole sur la vente d'alcool à celle de cannabis », remarque-t-il.

Pour chiffrer les retombées, M. Shenfeld se base sur trois scénarios pour lesquels l'État serait responsable des circuits de commercialisation.

À partir d'une dépense estimée de 400 millions par an dans la consommation de cette drogue douce en Colombie-Britannique, selon une étude de l'International Journal of Drug Policy, l'économiste évalue, en extrapolant, une dépense totale d'environ trois milliards, « ce qui ne laissera pas beaucoup de place à une hausse des rentrées fiscales, à moins que les prix ne soient augmentés substantiellement ».

Le deuxième scénario s'inspire de la légalisation dans l'État du Colorado, qui appliquée à la taille du marché canadien « bien plus grand », permettrait d'estimer à environ 10 milliards les revenus annuels.

Enfin, en partant d'une estimation donnée par différents rapports évaluant une consommation récréative de 770 tonnes, les recettes seraient alors d'environ 5 milliards.

Tous ces chiffres, note la CIBC, ne tiennent pas compte du « tourisme du cannabis » qui augmentera les revenus liés à la légalisation.

Après avoir promis en campagne une légalisation « sur le champ » après son élection, Justin Trudeau a donné à l'ancien chef de la police de Toronto, Bill Blair, la mission de préparer cette mesure, sans fixer de calendrier. Le Canada deviendrait ainsi le premier pays du G7 à légaliser l'usage récréatif du cannabis.