La Banque du Canada devrait garder son taux d'intérêt directeur inchangé, mercredi, compte tenu de la récente publication d'une série de meilleures données économiques que prévu.

Cependant, la faiblesse soutenue des cours du pétrole et les turbulences sur les marchés boursiers mondiaux, alors que persistent plusieurs inquiétudes par rapport à la santé économique de la Chine, soulèvent certaines questions pour la banque centrale, estiment des économistes.

Benjamin Tal, économistes en chef adjoint de Marchés mondiaux CIBC, s'intéressera à ce que la Banque du Canada mettra en exergue dans son annonce sur les taux d'intérêt, prévue pour mercredi.

«Il sera très intéressant de voir sur quoi leur attention sera dirigée», a affirmé M. Tal.

Les prix du pétrole sont inférieurs à ce que la Banque du Canada avait prévu dans son rapport sur la politique monétaire de juillet, et les faiblesses économiques connues par la Chine continuent de nuire aux prix des ressources naturelles.

Ainsi, même si le troisième trimestre semble vouloir en être un de croissance, l'économie canadienne est toujours aux prises avec certaines difficultés, a noté M. Tal.

«Ils vont certainement parler de la reprise du troisième trimestre, mais je crois qu'ils ne seront probablement pas aussi optimistes en ce qui a trait au quatrième trimestre», a-t-il ajouté.

La banque centrale a abaissé son taux directeur à deux reprises depuis le début de l'année, plus récemment en juillet, lorsqu'elle a aussi révisé à la baisse ses prévisions pour l'économie canadienne.

Depuis, Statistique Canada a indiqué que l'économie s'était contractée au rythme annuel de 0,5 pour cent au cours du deuxième trimestre, ce qui était conforme aux attentes de la banque centrale.

Les données sur la balance commerciale du Canada pour le mois de juillet et les chiffres sur l'emploi pour le mois d'août ont pour leur part surpassé les attentes, ce qui fait croire à certains observateurs que l'économie s'est sortie du marasme qui l'a caractérisée pendant la première moitié de l'année.

L'économie canadienne pourrait ainsi afficher une croissance au troisième trimestre, après s'être contractée pendant les deux premiers trimestres de 2015, ce qui a fait tomber le Canada en récession, du moins selon la définition technique.

Cependant, l'économiste Benjamin Reitzes, de la Banque de Montréal, croit que la volatilité des marchés financiers ces dernières semaines représente «difficilement un signe encourageant pour la croissance mondiale».

«Les répercussions de la faiblesse de la Chine sur les marchés émergents et son impact sur les prix des matières premières seront une source d'inquiétude significative pour la Banque du Canada», a écrit M. Reitzes dans un rapport.

«Je m'attends à ce que la déclaration (de la Banque du Canada) souligne l'augmentation du risque à la baisse en attribuable aux marchés émergents.»

Entre-temps, M. Tal a aussi noté que l'inflation de base surveillée par la banque centrale avait été au-dessus de sa cible de deux pour cent pendant les 12 derniers mois.

Dans son plus récent rapport sur la politique monétaire, la Banque du Canada attribuait cette inflation à des «effets transitoires», incluant la chute du dollar canadien par rapport au billet vert américain et certains facteurs sectoriels précis.

Quoi qu'il en soit, cela risque d'être une source d'inquiétude tôt ou tard, a estimé M. Tal.

«Depuis, le dollar a reculé et il pourrait continuer à le faire encore plus, particulièrement compte tenu de la politique de la Banque du Canada vis-à-vis de celle de la Réserve fédérale des États-Unis», a-t-il expliqué.