Stephen Harper a tenté de rassurer tant ses partenaires internationaux du Partenariat transpacifique (PTP) que les partisans canadiens de la gestion de l'offre, hier, au deuxième jour de la campagne électorale fédérale.

«Nous resterons à la table [de négociations] durant cette campagne électorale, nous y resterons pour faire avancer et protéger nos intérêts dans chaque secteur, incluant la gestion de l'offre pour les produits laitiers», a déclaré le chef conservateur lors d'un point de presse tenu aux Industries Spectra Premium, à Laval.

Le premier ministre de la Nouvelle-Zélande, John Key, a affirmé dimanche que la douzaine de pays qui participent aux négociations de ce vaste accord de libre-échange ne peuvent se permettre d'attendre jusqu'aux élections du 19 octobre pour reprendre les pourparlers qui ont échoué la semaine dernière.

«Il y a une fenêtre limitée, et si vous ne pouvez conclure l'entente durant cette période, cela devient plus difficile pour les États-Unis et pour d'autres», a déclaré M. Key. Il faisait entre autres allusion à la campagne présidentielle américaine qui pourrait brouiller les cartes lors de ces négociations.

Au même moment, de fortes pressions sont exercées au Québec et ailleurs au pays pour qu'Ottawa n'abandonne pas ce système qui protège les parts de marché des producteurs canadiens de lait, d'oeufs et de volaille en contrôlant la production, la vente et les prix de leurs produits.

Le premier ministre avait promis, lors de son passage au Québec aux élections de 2011, qu'il continuerait à le défendre lors des négociations d'accords de libre-échange. Le système est souvent dans la ligne de mire des pays étrangers, dont la Nouvelle-Zélande et l'Australie, qui y voient une forme de protectionnisme d'un marché potentiellement fort lucratif pour leurs industries agroalimentaires.

Or, la tentative de conclure un accord lors de la dernière ronde de négociations du PTP à Hawaii la semaine dernière a échoué et certains, dont le ministre du Commerce international de la Nouvelle-Zélande, ont laissé entendre que l'intransigeance du Canada dans la protection de son industrie laitière avait été un facteur déterminant.

Position délicate pour Harper



Le gouvernement Harper, qui espérait conclure cette entente avant de déclencher la campagne électorale dimanche, se trouve donc dans la position délicate de devoir composer avec ces intérêts divergents au pays comme à l'étranger. Même au Canada, plusieurs, dont le Conseil canadien des chefs d'entreprise, réclament la fin de ce système qu'ils décrivent comme étant dépassé et coûteux.

Des représentants du secteur agricole québécois continuent à suivre le dossier avec attention. Ils affirment qu'ils n'ont reçu à ce jour aucun signal d'un changement de politique du gouvernement fédéral. Ben Marc Diendéré, vice-président aux communications de La Coop fédérée, souligne que le manque de transparence des négociations du PTP demeure une préoccupation, mais que «tout [le système de la gestion de l'offre] s'appuie sur une logistique savante» et qu'il «ne peut pas le changer du jour au lendemain».