La faiblesse soutenue des cours du pétrole brut continue de peser davantage sur certaines régions du Canada que d'autres, ce qui creuse un fossé au chapitre de la confiance des entreprises, a observé la Banque du Canada.

Selon l'enquête estivale de la banque centrale sur les perspectives des entreprises, les sociétés des Prairies s'attendent à voir leurs ventes diminuer au cours des 12 prochains mois, essentiellement parce que le choc lié au plongeon des prix du pétrole s'est étendu à tous les secteurs.

Cependant, le portrait de la situation diffère largement ailleurs au pays, a précisé l'institution.

«La demande intérieure se renforce dans les régions moins exposées au secteur de l'énergie», a noté la banque dans son rapport.

Dans l'ensemble, l'enquête rapporte que les entreprises qui ont vu la croissance de leurs ventes accélérer ces 12 derniers mois sont plus nombreuses que celles qui l'ont vu ralentir, mais dans une moindre mesure que lors des enquêtes précédentes.

En outre, le solde des opinions des firmes qui s'attendent à ce que leurs ventes progressent ces 12 prochains mois s'est légèrement amélioré.

Les résultats de l'enquête, menée auprès de membres de la haute direction d'environ 100 entreprises entre le 15 mai et le 10 juin, ont été dévoilés lundi, avant l'annonce sur le taux d'intérêt directeur de la Banque du Canada, attendue la semaine prochaine.

La plupart des observateurs s'attendent à ce que la banque centrale profite de cette annonce pour réduire ses prévisions de croissance du deuxième trimestre, depuis la publication de données faisant état d'une contraction de l'économie pour le mois d'avril. Mais les intentions de la banque en ce qui a trait aux taux d'intérêt sont moins claires.

«Malgré la spéculation croissante sur une baisse des taux à l'approche de l'annonce de la semaine prochaine, la probabilité d'une modification (du taux directeur) diminue compte tenu de la modeste amélioration et du ton optimiste pour le centre du Canada et le secteur manufacturier», a estimé Benjamin Reitzes, économiste principal à la Banque de Montréal, à la lumière du rapport.

«Il ne faut pas oublier que le gouverneur (Stephen) Poloz porte une attention particulière à ce genre d'enquête et les éléments positifs émanant des secteurs autres que celui de l'énergie pourraient le convaincre de reste immobile pour l'instant.»

De son côté, la Banque TD a estimé lundi que l'économie était vraisemblablement déjà en récession pour la première moitié de l'année et a prédit que la banque centrale réduirait son taux directeur.

«Les prévisionnistes canadiens ont sous-estimé de façon soutenue l'impact de l'important déclin des prix du pétrole sur l'économie canadienne», a observé Randall Bartlett, économiste principal à la TD, dans un rapport.

L'enquête signale par ailleurs une augmentation modeste des investissements pour des machines et du matériel dans la prochaine année.

Cependant, des différences régionales marquées se dessinent à cet égard. Les intentions de dépenses sont plus importantes dans le centre du Canada et dans le secteur manufacturier, tandis que les régions et secteurs liés à l'énergie s'attendent à voir leurs dépenses diminuer.

La faiblesse du dollar affecte aussi les décisions d'investissement et certaines entreprises indiquent qu'elles limiteront leurs dépenses en raison de la hausse des coûts des machines et du matériel importés. D'autres, qui profitent de marges plus élevées avec leurs ventes libellées en dollars américains, ont l'intention d'utiliser ces gains pour augmenter leurs investissements.

Statistique Canada a indiqué lundi que les dépenses en immobilisations pour la construction non résidentielle et pour le matériel et l'outillage devraient diminuer de 4,9 pour cent en 2015, par rapport à l'année dernière, pour se chiffrer à 251,8 milliards $.

Les dépenses du secteur de l'extraction minière, de l'exploitation en carrière et de l'extraction de pétrole et de gaz devraient céder 18,7 pour cent à 67,9 milliards $.

Par ailleurs, les entreprises ont davantage l'intention d'embaucher du personnel dans les régions moins touchées par les prix de l'énergie, a révélé le rapport de la Banque du Canada. Dans l'ensemble, le solde des opinions au chapitre des intentions d'embauche pour les 12 prochains mois s'est amélioré.

Le nombre d'entreprises faisant état de pénuries de main-d'oeuvre affectant leur capacité à répondre à la demande est resté faible et les pénuries de main-d'oeuvre sont généralement moins intenses qu'il y a un an.

L'enquête de la Banque du Canada auprès des responsables du crédit, dont les résultats ont aussi été dévoilés lundi, permet de croire que les conditions de prêt aux entreprises n'ont presque pas changé au deuxième trimestre, malgré un resserrement dans le secteur pétrolier et gazier.