Le litige concernant la fin de la livraison du courrier à domicile au Canada s'est retrouvé en Grèce, vendredi, à l'occasion d'une Conférence sur l'économie de la poste et de la livraison.

Cette conférence internationale a lieu jusqu'à samedi à Athènes. Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), qui conteste devant les tribunaux la décision de Postes Canada, y a présenté sa cause.

En fait, le STTP a fait préparer par son service de recherche un rapport étayé sur les conséquences, prévues et insoupçonnées, de l'implantation des boîtes postales communautaires.

Il y a abordé les arguments déjà soulevés par les municipalités, comme les problèmes de déneigement, d'entretien, le vandalisme, la baisse de la valeur des maisons situées aux abords des boîtes postales communautaires.

Mais il a aussi soulevé d'autres arguments imprévus, comme la hausse des coûts de santé provoquée par les chutes chez les personnes âgées sur la neige et la glace, de même que la hausse des émissions de gaz à effet de serre, à cause des voitures qui garderont leur moteur en marche aux abords des boîtes communautaires.

Selon ce rapport, ce sont 577 municipalités au Canada qui ont adopté une résolution ou adressé une lettre pour exprimer leurs préoccupations quant à la fin de la livraison du courrier à domicile et à son remplacement par des boîtes postales communautaires. Au Québec, on retrouve de nombreuses municipalités, parmi lesquelles Mascouche, Matane, Joliette, Shawinigan, Mont-Laurier, Cowansville et, au Nouveau-Brunswick, Fredericton, Saint-Jean et Miramichi.

Au cours d'une entrevue, Denis Lemelin, permanent national pour le syndicat, a expliqué qu'avec ce rapport exposé devant d'autres services postaux dans le monde, d'autres syndicats et universitaires, le STTP voulait lancer un cri d'alarme.

«L'objectif qu'on visait, avec ce document-là, était d'alerter les gens qui suivent tout ce qui se passe internationalement de l'impact de choisir la direction que Postes Canada a prise en éliminant la livraison à domicile. C'était d'alerter l'opinion internationale par rapport à ce dossier-là, parce qu'on dit toujours que le Canada est le premier pays industrialisé du G7 ou du G8 à aller de l'avant dans cette direction-là», a expliqué M. Lemelin.

Il fait valoir du même souffle que le service postal du Canada n'est pourtant pas le seul à être confronté aux tendances lourdes que sont la diminution du nombre de lettres, la hausse du nombre de colis due aux achats en ligne et les changements technologiques.

«C'est variable selon les régions. Plus le pays est industrialisé, plus c'est important. Ce sont les États-Unis qui sont les plus touchés par cet aspect-là. Mais les avenues qui ont été prises par les pays diffèrent. Les pays européens ont plus décidé, eux, d'aller dans l'expansion des services», comme les services bancaires et de commerce électronique, rapporte M. Lemelin.

Même si Postes Canada est redevenue rentable, avec la hausse du coût des timbres, la réduction de ses coûts et d'autres mesures, M. Lemelin croit qu'il est pertinent de tenir un débat sur l'avenir du service postal.

De son côté, la société d'État fait valoir qu'elle n'avait guère le choix de procéder à ces changements, annoncés en décembre 2013, pour assurer l'avenir du service postal à plus long terme.

«Plus de quatre millions d'adresses canadiennes reçoivent leur courrier dans une boîte postale communautaire, et ce, depuis plus de 30 ans. L'initiative de conversion aux boîtes postales communautaires est un projet de cinq ans qui permettra à la société d'économiser entre 400 et 500 millions $, une somme cruciale pour assurer l'avenir du service postal au pays, alors que nous faisons face à un déclin historique de la poste-lettre - déclin qui s'est malheureusement accéléré au premier trimestre», a répliqué Postes Canada par courriel.