Une mission commerciale composée uniquement de femmes d'affaires canadiennes se rendra cette semaine à Sao Paulo, au Brésil, un voyage commercial qui change le ton habituellement masculin de ces rassemblements.

Dix femmes, dont des médecins, les vice-présidentes de Lockheed Martin et BlackBerry et la directrice d'une importante ferme avicole en Alberta, accompagneront la ministre fédérale du Travail et de la Condition féminine, Kellie Leitch, durant trois jours à Sao Paulo.

Cette mission multisectorielle a pour objectif d'aider des femmes entrepreneuses canadiennes, en particulier des propriétaires de petites et moyennes entreprises, à tirer profit des occasions offertes par l'une des économies connaissant la croissance la plus rapide au monde.

«Nous devons créer ce phénomène, rendre ordinaire le fait que des femmes occupent ces rôles et le fait de travailler pour elles», a dit la ministre en entrevue.

L'activité économique des PME canadiennes appartenant majoritairement à des femmes se chiffre à plus de 117 milliards de dollars par année. Les entreprises à propriété féminine emploient actuellement plus de 1,5 million de personnes au Canada.

Ce voyage est le plus récent d'une série de projets de Mme Leitch visant à élargir le champ d'action du ministère de la Condition féminine au-delà de sa fonction d'organisme subventionnaire du gouvernement.

Le budget 2015 comprend un engagement à réécrire les règles pour la parité homme-femme dans l'administration des compagnies et à soutenir le mentorat et les opportunités d'affaires pour les entrepreneuses. Aucun montant n'a toutefois été annoncé.

«Mon ministère dirait que ce sont des rôles non traditionnels pour les femmes, a expliqué Mme Leitch. Mon père dit simplement que ce sont de bons emplois.»

En 2009, le mot «femme» n'était même pas mentionné dans le budget. Les choses ont commencé à changer l'année suivante, avec la nomination de Rona Ambrose à la Condition féminine. Lorsque Mme Ambrose a commencé à lire des études sur les raisons qui découragent les femmes à se joindre à des conseils d'administration, sa colère s'est mise à grandir, a-t-elle dit.

Elle a reçu la permission de l'ancien ministre des Finances, Jim Flaherty, pour pousser ce dossier, mais a rapidement réalisé que les discours n'étaient pas suffisants.

«Il faut que ce soit dans le budget, parce qu'il faut que ça devienne un message économique», a-t-elle expliqué.

En 2012, le budget Flaherty annonçait la création d'un conseil consultatif pour promouvoir la participation des femmes aux conseils d'administration.

Il a fallu attendre un an de plus pour voir le conseil formé. Cet été-là, Kellie Leitch a pris le ministère de la Condition féminine, et le travail du comité lui sert de point de départ pour plusieurs de ses projets.

L'annonce du comité en 2012 a cependant marqué un point tournant: c'était la première fois depuis l'élection des conservateurs qu'une nouvelle initiative pour la Condition féminine se trouvait dans le budget.

Lorsqu'ils ont pris la tête du pays, les conservateurs avaient vidé le budget de ce ministère et remanié les règles pour les subventions et contributions, affirmant qu'ils ne financeraient plus de travail de recherche ou de revendication.

C'est pourquoi les efforts des conservateurs sonnent faux pour le Nouveau Parti démocratique (NPD). Le gouvernement a rejeté un projet de loi d'initiative parlementaire du NPD pour augmenter le nombre de femmes siégeant aux conseils des sociétés d'État, tout en promouvant leurs propres initiatives, a affirmé Mylène Freeman, la porte-parole du NPD en matière de condition féminine.

«Cela fait partie de leur approche d'affaires sans qu'ils n'investissent vraiment dans le combat contre les inégalités, comme le fait que la plupart des femmes n'ont pas les moyens de payer une garderie ou le fait que l'écart salarial existe encore», a-t-elle fait valoir.