Malgré l'effondrement des prix du pétrole, le Canada est en train de redresser le solde de son commerce international de marchandises.

Il faut regarder au-delà du déficit de 649 millions de dollars en décembre comparativement à 335 millions en novembre.

D'abord, les prévisionnistes s'attendaient à un solde négatif deux fois plus gros. Ensuite, Statistique Canada a réduit de moitié le déficit de novembre, initialement estimé à 664 millions.

Surtout, tout le déficit de décembre se résume à la chute de la valeur de l'or noir. Dans l'ensemble, les prix de l'énergie ont plongé de 12,3% alors que les volumes livrés ont augmenté de 2,3%.

En décembre, les volumes de toutes les exportations ont augmenté davantage que la quantité de biens importés, si bien que le bilan des biens vendus et achetés outre frontière est positif.

Comme la chute des prix de l'énergie est survenue seulement à l'automne, elle n'aura pas suffi à renverser la tendance à l'amélioration du solde de la balance commerciale de l'année. En 2014, le Canada enregistre un excédent de 5,2 milliards, ce qui représente une amélioration de 12 milliards par rapport à 2013.

Il s'agit du meilleur solde du présent cycle.

L'examen détaillé des données de décembre permet de mieux comprendre comment le choc pétrolier actuel bouleverse la dynamique des échanges commerciaux.

Si la valeur des exportations pétrolières a continué de diminuer en décembre (la plongée atteint 29% depuis février, selon les calculs de Desjardins), celle des importations de brut augmente, mais bien moins que les volumes, qui ont bondi de plus de 20%.

L'agence fédérale explique cette poussée par le fonctionnement à plein régime de quelques raffineries, ralenties par des activités de maintenance au cours des derniers mois.

Les importations en provenance d'Arabie saoudite ont augmenté de 174 millions de dollars, celles en provenance de Norvège, de 171 millions.

Il semble bien que les raffineurs stockent au maximum pour profiter des cours déprimés de l'or noir.

On observe le même phénomène aux États-Unis où les réserves parquées à Cushing, en Oklahoma, sont maintenant à un niveau inégalé depuis 80 ans.

Fait intéressant, les exportations canadiennes de produits pétroliers raffinés ont aussi augmenté en décembre.

Ces données sont susceptibles de nourrir la polémique entourant l'opportunité de transporter par oléoduc le pétrole albertain vers les raffineries du Québec et du Nouveau-Brunswick plutôt que d'en importer d'outre-mer.

Outre le secteur pétrolier, les données de décembre renferment des renseignements encourageants sur l'amélioration des livraisons manufacturières internationales. À l'exception des produits chimiques et du matériel aéronautique, les autres grands segments sont à la hausse avec en tête de liste les importantes catégories des produits en métal ou en minéraux non métalliques, le matériel automobile et les biens de consommation.

Hors énergie, la valeur des exportations augmente de 4,9%.

Du côté des importations, les hausses sont quasi généralisées avec des augmentations significatives dans les segments des véhicules et des biens de consommation. Bref, les ménages canadiens ne semblent pas avoir restreint leurs achats pour les Fêtes.

Cela dit, pour l'ensemble du trimestre, le commerce extérieur n'aura pas été une source de croissance pour l'économie canadienne, comme il l'avait été au cours des neuf premiers mois de l'année. Cela s'explique par les faiblesses observées en octobre et novembre.

Il est hautement probable que la chute des prix du brut et les stocks imposants d'or noir en Amérique du Nord diminuent les activités d'exploitation et de raffinage pendant l'hiver et le printemps.

L'affaiblissement de la monnaie qui en découle tonifie en principe la production en usines destinée au marché américain.

Sur ce terrain toutefois, les Canadiens font face à de sérieux concurrents. Par exemple, les exportations hors énergie du Mexique vers les États-Unis ont bondi de 14% l'an dernier.