La hausse des prix du bacon, des cigarettes et du gaz naturel a fait grimper l'inflation annuelle du Canada à 2,4% le mois dernier, sa cadence la plus rapide depuis le début de 2012, a indiqué vendredi Statistique Canada.

Les prix déboursés par les consommateurs canadiens en octobre ont progressé, par rapport à l'an dernier, dans toutes les principales catégories étudiées par l'agence fédérale. Les prix du groupe du logement et de celui des aliments ont tous deux progressé de 2,8%.

La croissance des prix à la consommation d'octobre fait suite à une inflation de 2% en septembre.

«Le panier de biens acheté chaque mois est de plus en plus dispendieux, mais il grimpe un peu plus rapidement que ce à quoi nous avons été habitués par le passé, ou du moins dans un passé récent», a observé Robert Kavcic, économiste principal chez BMO Marchés des capitaux.

Selon l'analyste, les données sur l'inflation montrent combien le dollar canadien, qui a perdu des plumes au cours de la dernière année, a commencé à faire une différence le mois dernier. M. Kavcic a ajouté que malgré tout, l'inflation restait proche de ce qui est considéré comme un niveau normal.

Statistique Canada a mis en évidence certains produits dont les prix ont particulièrement grimpé par rapport à l'an dernier. Le gaz naturel coûtait 20,1% plus cher qu'il y a un an, tandis que les prix des cigarettes et de la viande ont avancé de 11,5% et 12,4% respectivement.

Les prix dans la sous-catégorie du «boeuf frais ou congelé» ont bondi de 19,4%, tandis que ceux du «jambon et bacon» ont gagné 18,8% par rapport à l'an dernier.

«La vilaine hausse des prix des aliments est un des principaux responsables de la hausse de l'inflation d'ensemble, mais les hausses de prix étaient aussi présentes ailleurs», a écrit vendredi Arlene Kish, économiste pour la firme de prévisions internationales IHS Economics, dans une note de recherche.

Parmi les catégories où les prix ont le plus diminué sur un an se trouvaient notamment l'équipement vidéo (-8,4%), l'équipement informatique numérique (-5,5%) et les meubles (-2,9%).

Les prix à la consommation ont progressé dans toutes les provinces par rapport à l'an dernier. L'Alberta a affiché la plus importante augmentation à cet égard, avec une croissance de 3,0%, suivi par l'Ontario, avec une inflation à 2,8%. La Colombie-Britannique a enregistré la plus faible hausse des prix parmi les provinces, avec une inflation de 1,1%.

Sur une base mensuelle, le coût de la vie a progressé de 0,1% en octobre, en chiffres désaisonnalisés, après avoir avancé de 0,2% le mois précédent. Cette hausse est survenue malgré un recul mensuel de quatre pour cent du prix de l'essence par rapport à septembre.

Hausse de taux en vue?

Entre-temps, l'inflation annuelle de base - qui exclut certains éléments dont les prix sont plus volatils, notamment dans le secteur des aliments frais et de l'énergie - s'est établie à 2,3%. Elle était de 2,1% en septembre.

Tant l'inflation de base que l'inflation d'ensemble ont surpassé les attentes des économistes en octobre. Ceux-ci misaient en moyenne sur une inflation de 2,1%, dans chacun des cas, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters.

L'inflation de base est observée de près par la Banque du Canada, qui tente de la garder le plus près possible de sa cible idéale de 2%.

«La banque s'attendait à ce que l'inflation de base et l'inflation d'ensemble grimpent au quatrième trimestre, mais le chiffre d'octobre était un peu plus fort que ce à quoi ils s'attendaient», a observé Leslie Preston, du service d'études économiques de la Banque TD, dans une note de recherche.

Mais comme les prix liés à l'énergie et aux matières premières devraient reculer encore davantage dans les mois à venir, Mme Preston croit qu'il n'est pas encore temps pour la banque centrale de s'inquiéter des pressions inflationnistes.

Dans son rapport sur la politique monétaire d'octobre, la Banque du Canada a indiqué que l'inflation de base avait grimpé plus rapidement que prévu depuis juillet, mais que celle-ci était restée assez proche de sa cible de 2%.

À l'époque, la banque centrale décrivait les pressions inflationnistes sous-jacentes comme «modérées» en raison, notamment, de la concurrence toujours vigoureuse dans le secteur du détail.

La Banque du Canada a prédit que l'inflation et l'indice des prix à la consommation resteraient près de la zone de 2% pendant une certaine période de temps, malgré les risques possibles, incluant une demande privée plus forte que prévu de la part des États-Unis, une croissance mondiale décevante, une hausse des dépenses des ménages canadiens et une baisse des prix du pétrole.

La banque centrale maintient son taux d'intérêt directeur à 1% depuis plus de quatre ans. Sa prochaine annonce à ce sujet est prévue pour le 3 décembre.

Même si l'inflation est un peu plus importante que prévu, M. Kavcic ne s'attend pas à ce que la Banque du Canada ne change d'opinion de sitôt.

«Ils ne croient simplement pas que la récente reprise de l'inflation va perdurer et, à cause de cela, je crois qu'il faudra encore un certain nombre de rapports plus vigoureux avant qu'ils ne commencent à envisager sérieusement de changer le ton de leur politique économique», a-t-il affirmé.